Reconnaître des droits au monde animal pour mieux en dénier aux « infra-humains »… Rappelons que la loi Veil depuis sa mise en œuvre en 1975 aura coûté, pour la France, la bagatelle de quelques 7 millions d’êtres humains à raison d’une moyenne constante de 200 000 « interruptions volontaires de grossesse » par an. Cette politique sournoisement eugéniste aura de la même façon fait plus de vingt millions de victimes non consentantes mais aussi « infra-humaines » dans l’Europe des droits de l’homme, tout autant qu’une guerre mondiale de l’âge post-industriel.   

Le « philosophe » et « éthicien » Peter Singer, sous couvert de promotion des droits de l’animal (qu’il ridiculise en passant) en vient à poser un retour à des dispositions eugénistes telles qu’elles furent à l’honneur dans les années Trente notamment aux Etats-Unis, en Scandinavie et en Allemagne.

JMV

 

Peter Singer contre le droit à la vie et à la dignité humaine

Par Richard Fuchs*

L’ouvrage du « philosophe » et « éthicien » australien de la reproduction, Peter Singer, paru en anglais en 1979 et en français en 1997, sous le titre « Questions d’éthique pratique » a déclenché des controverses. Singer, enfant de réfugiés juifs autrichiens, était à l’époque, avant de s’installer aux Etats-Unis, directeur du Centre for Human Bioethics de Melbourne et chef d’un projet de fécondation in vitro. Sa monographie aborde des sujets controversés comme l’avortement, le fait de tuer des nouveau-nés et l’euthanasie passive ou active.

La distinction généralement opérée dans le débat bioéthique entre la personne et la non-personne (Fletscher, 1990) constitue également pour Singer la base de l’attribution du droit à la vie. Les êtres humains qui ne disposent pas de certaines facultés ou en dis­posent de manière limitée sont certes des membres de l’espèce Homo sapiens mais ne sont pas des «personnes». En revanche, Singer attribue le statut de personnes à certaines espèces animales qui possèdent certaines facultés. Selon lui, on n’a pas le droit de tuer les personnes humaines et animales alors que l’on peut tuer des “non-personnes”, qu’elles soient humaines ou animales : «Je propose donc de ne pas attribuer plus de valeur à la vie d’un fœtus qu’à celle d’un être vivant non-humain qui présente le même degré de rationalité, de conscience de soi, de facultés perceptives, de sensibilité, etc. Comme aucun fœtus n’est une personne, aucun fœtus n’a le même droit à la vie qu’une personne. […] Toute comparaison honnête montre que le veau, le cochon et la poule, dont on se gausse beaucoup, ont plusieurs longueurs d’avance sur le fœtus à tous les stades de la gestation et si l’on considère un fœtus de moins de trois mois, on constate qu’un poisson, voire une crevette manifestent un degré plus élevé de conscienceMême la vie d’un nouveau-né a moins de valeur que celle d’un cochon, d’un chien ou d’un chimpanzé.

 «Ainsi, il semble que tuer, par exemple, un chimpanzé est plus grave que tuer un être humain souffrant d’une maladie psychique sévère, qui n’est pas une personne

Selon l’auteur, qui renonce à toute procédure empirique permettant de «mesurer» la présence des caractéristiques définissant le statut de la personne, celle-ci se définit par la conscience de soi, l’autocontrôle, le sens de l’avenir et du passé, l’aptitude à nouer des rapports avec autrui, à s’occuper d’autrui, la communication et la curiosité. «Le fœtus, l’être humain très arriéré, qui «végète» sont incontestablement des membres de l’espèce Homo sapiens mais n’ont pas la conscience de soi, le sens de l’avenir ni la faculté de nouer des rapports avec autrui.»

Selon Singer, peuvent être des non-personnes les embryons, les fœtus, les nourrissons, les petits enfants, qui ne sont pas encore des personnes, mais également des adultes qui ont cessé d’être des personnes.

De manière arbitraire, Singer fixe un moment, environ un mois après la naissance, comme limite d’une période au cours de laquelle les êtres humains ne peuvent pas revendiquer une «valeur particulière». Il ajoute à sa liste les individus qui, à la suite d’un accident ou en raison de leur âge avancé, sont dans le coma ou végètent dans un état de conscience extrêmement réduit, de même que les individus très gravement atteints, quel que soit leur âge, notamment les nourrissons dont le cas est désespéré.

Singer n’apporte cependant aucune «preuve» de ce qu’il avance sous forme de procédures empiriques permettant de «mesurer» la présence des caractéristiques de la personne. Pourtant Singer, éminent représentant de la bio­éthique anglo-saxonne en a inspiré plus d’un.

L’un d’entre eux est le philosophe du droit Norbert Hoerster, de Mayence, qui a repris des hypothèses fondamentales de Singer. En fonction de son éthique des intérêts, il n’accorde le droit à la vie qu’aux individus qui manifestent un «intérêt à survivre» et des «désirs portant sur l’avenir». Ce n’est en principe pas le cas avant le quatrième mois d’existence. Reinhard Merkel, éthicien de la médecine et philosophe du droit de Hambourg, professe les mêmes idées: «J’estime juste la conception de Singer pour qui les droits à la vie présupposent des intérêts de l’individu concerné.»

«Le nouveau-né doit-il vivre ?»

Après les Questions d’éthique pratique, Singer a publié, avec Helga Kuhse, senior research fellow du Centre for Human Bioethics de l’Université Monash (Australie), un ouvrage intitulé “Should the Baby Live? The Problem of  Handicapped Infants” (Oxford University Press, 1985). Dans la préface à l’édition anglaise, Kuhse et Singer écrivent que les conclusions de l’ouvrage vont inquiéter certains lecteurs, les auteurs estimant que dans certaines circonstances, il est éthiquement justifié de mettre un terme à la vie de certains nouveau-nés gravement handicapés.

À la suite de protestations massives de la population, et en particulier de personnes handicapées, l’invitation faite à Singer de parler lors d’un congrès tenu à l’Université de Marburg a été annulée. Une autre invitation, cette fois de la part de l’Institut de recherches systémiques de Heidelberg et de la Société internationale de thérapie systé­mique a également dû être annulée. En effet, le public et des associations avaient annoncé des manifestations. Pour justifier l’annulation, les organisateurs déclarèrent «qu’ils auraient été contraints, pour éviter toute discrimination, de faire transporter par la po­lice les personnes en fauteuil roulant qui cherchaient à manifester leur opposition. On ne voulait infliger cette mesure ni aux per­sonnes concernées ni à la police ni aux organisateurs.»

À une occasion toutefois, Singer a pu s’exprimer: En 2004, il a fait, sous haute protection, un exposé sur le sujet «Animals and Ethics» dans le cadre d’un cycle de conférences de la faculté de philosophie de l’Université Heinrich-Heine de Düsseldorf.

    
* Richard Fuchs, est l’auteur d’ouvrages consacrés aux nouvelles technologies dans les domaines de l’alimentation, de la bio médecine, des greffes d’organes, du génie génétique et du néo-eugénisme. Il en aborde d’un œil critique les promesses, les risques et les aspects commerciaux.

Source : http://www.horizons-et-debats.ch/index.php