Contrairement à ce que prétendent leurs promoteurs, les OGM ne sont ni un remède à la faim dans le monde, ni une solution pour lutter contre la perte de la biodiversité, ni encore moins un moyen de s’adapter aux changements climatiques. Cette conclusion, c’est l’IFOAM, la Fédération Internationale des mouvements d’agriculture biologique, qui la tire, preuves et témoignages à l’appui.

Depuis des années, l’industrie des OGM tente de faire croire que les plantes transgéniques sont une solution toute trouvée à la faim dans le monde, voire même aux changements climatiques. Un miracle végétal en quelque sorte qui s’avère probablement tout simplement un mirage. On sait par exemple que sous-nutrition et malnutrition ont bien d’autres causes que le seul problème de l’offre de la nourriture.

Tout récemment, le bureau européen de l’IFOAM a mis l’accent sur la nécessité d’adopter une autre approche en matière de sécurité alimentaire à long terme pour l’humanité. Pour cette organisation internationale, la vision simpliste des promoteurs d’OGM ne tient tout simplement pas la route. Il y a d’autres voies possibles. A cette occasion, l’IFOAM avait d’ailleurs invité plusieurs orateurs venus faire part de leur expérience dans ce domaine.

Parmi ceux-ci, deux retenaient particulièrement l’attention, à savoir Charles Benbrook de « Organic Center », et Percy Schmeizer, un fermier canadien devenu célèbre pour ses démêlés avec la multinationale Monsento.

Pesticides : une surconsommation phénoménale

Charles Benbrook n’a pas traversé l’Atlantique les mains vides. Cet ancien directeur du bureau de l’agriculture de l’Académie des Sciences des Etats-Unis, et adversaire des OGM depuis le début, est aujourd’hui responsable à l’Organique Center, un centre d’information sur l’agriculture bio, dont la vocation est essentiellement scientifique.

C’est justement sous cette casquette que Benbrook est venu présenter à Bruxelles les résultats de sa dernière étude portant sur la culture des OGM et leur impact sur la consommation de pesticides aux USA depuis 1996. En analysant les chiffres auxquels il a eu accès, Benbrook est parvenu à montrer que la généralisation de la culture du soja, du maïs et du coton OGM aux Etats-Unis a abouti à une surconsommation de pesticides de 144.000 tonnes ! Tout l’inverse de ce qu’ont toujours prétendu les fabricants d’OGM pour vendre plus de semences transgéniques aux fermiers.

Plus exactement, si maïs et coton transgéniques ont permis, en treize ans, de diminuer la quantité d’insecticide utilisée de 29.000 tonnes, les OGM tolérants aux herbicides tels le glyphosate, ont par contre provoqué une augmentation de l’utilisation d’herbicides utilisés de 173.000 tonnes, dont 159.000 rien que pour le soja ! Charles Benbrook précise par ailleurs également que la période 2007-2008 représente à elle seule 46% de l’augmentation constatée sur ces treize dernières années.

Principale cause, selon Benbrook, de cette augmentation phénoménale : l’apparition des mauvaises herbes résistantes aux herbicides. Un problème majeur contre lequel les agriculteurs d’outre-Atlantique ont de plus en plus de mal à lutter.  « Après bientôt quatorze années d’utilisation d’OGM, nous avons atteint dans le Sud-Est des Etats-Unis, un point critique en matière de résistance des mauvaises herbes. C’est une question de temps maintenant avant que la situation ne nous échappe complètement.

Dans cinq ans, les résistances se seront propagées à d’autres parties du pays et les fermiers seront forcés d’utiliser d’autres technologies pour s’en sortir », déclare ainsi Charles Benbrook, dont les chiffres ont cependant été contestés par un cabinet du conseil anglais, lequel confirme cependant implicitement l’augmentation de la consommation des pesticides malgré l’emploi d’OGM. 

Percy contre Goliath

Le message transmis par Percy Schmeiser va dans le même sens que celui de Benbrook : l’introduction des OGM n’a pas rendu service aux agriculteurs.

Elle est même une catastrophe pour eux. L’homme sait de quoi il parle. Originaire de Saskatchewan au Canada, ce fermier de 80 ans cultive depuis des décennies des variétés de colza qu’il a lui-même sélectionnées pour le climat rude de sa province. Variétés qui ont pourtant été un jour contaminées à son insu par du colza transgénique, ce qui a valu à Schmeiser d’être traîné devant les tribunaux pour contrefaçon par Monsanto ! Procès qu’il a en partie perdu.

Il se bat aujourd’hui pour dénoncer les contrats iniques qui lient les agriculteurs aux producteurs d’OGM et souligne que la coexistence entre colza génétiquement modifié et colza conventionnel est aujourd’hui devenue impossible au Canada pour cause d’hybridation non maîtrisée entre les deux types de plantes. « Les agriculteurs devraient se préoccuper des conséquences des OGM et des droits de propriété qui en découlent sur leur indépendance. La société devrait pareillement se préoccuper de l’influence que cela pourrait avoir sur la sécurité alimentaire. Le droit pour les fermiers de récolter et réutiliser leurs semences est crucial pour le futur de l’agriculture », plaide-t-il d’ailleurs.

Tout cela fait dire à l’IFOAM que les OGM ne sont pas la solution tant vantée face aux grands défis qui attendent l’humanité. Ils cumulent même les défauts rédhibitoires. Comme le fait remarquer Marco Contiero responsable en matière d’OGM chez Greenpeace :  « Les cultures transgéniques ne font qu’exacerber les crises environnementales et climatiques. Elles sont dépendantes du modèle de l’agriculture intensive, laquelle [...] exige d’énormes quantités de dangereux pesticides. Seule une agriculture écologique peut répondre aux défis posés par les changements climatiques et aux pénuries alimentaires ».

Alain Glibert

Sources :

IFOAM : www.ifoam-eu.org

Organic Center : www.organic-center.org

Percy Schmeiser: www.percyschmeiser.com