corrida.JPG Le procès des corridas qui fut organisé en 2008 à Genève par la Fondation Weber, aura opportunément rappelé l’interdiction perpétuelle de ces spectacles sauvages prononcée par l’Église dès 1567*.

Parmi les contes destinés à noircir l’Église figure en bonne place le peu d’attention portée aux animaux au motif que les théologiens leur déniaient la possession d’une âme. Rien de plus faux. Le procès devant le Tribunal International de justice des Droits de l’Animal aura eu de ce point de vue le mérite de remettre la pendule de nos mémoires désinformées à l’heure de la vérité historique. Par la bulle De salute gregis le Pape saint Pie V bannissait en effet et pour toujours, sous peine d’excommunication, la pratique tauromachique comme contraire « à la piété et à la charité chrétienne afin d’abolir ces sanglants et honteux spectacles dignes des démons et non des hommes…».

Une initiative venue d’Espagne : en 1567, le nonce apostolique Pierre Camajani porte à Rome un mémoire par lequel 70 théologiens espagnols plaident contre les corridas, requête que soutient St François de Borgia et détermine Pie V à prononcer une interdiction irrévocable de la tauromachie.

Les siècles suivants attesteront d’une continuité sans faille dans la condamnation. En 1863, sur les instances de Pie IX, Mgr Plantier décrit avec horreur le spectacle dégradant de l’arène et condamne les spectateurs « qui se repaissent de la souffrance des taureaux, des chevaux et même des hommes ». Mgr Besson de son côté dépeignait en 1885 les souffrances endurées par les chevaux et les taureaux réclamant avec énergie la suppression de spectacles « qui sont la honte de nos mœurs ». En 1920 le Cardinal Gasparri, secrétaire d’État de Benoît XV rappelait que « la barbarie humaine se retranche encore dans les combats de taureaux… l’Église encourage toutes les nobles âmes qui travaillent à effacer cette honte ».

Un procès qui aura donc mis en évidence que le déni de justice que constitue le spectacle sanglant et sordide de la cruelle mise à mort d’animaux affolés, se double d’un déni de la loi morale au mépris d’ailleurs des conventions internationales et avec la complicité des pouvoirs en place.

  • Fondation Frantz Weber 1820 Montreux. www.ffw.ch
    • ALINÉA 3. DVD de Jérôme Lescure. Minotaure Films Paris.

JM Vernochet