deforestation.jpgLe 25 décembre dernier, Laurent Alexandre, « anti-collapsologue et anti-Greta » comme il se présente lui-même, publiait ce tweet, cartes à l’appui : « L’une des choses que les écologistes cachent : la surface boisée en France a doublé depuis 1830. Non la fin du monde n’arrive pas ! » Si la constatation en termes de surface est juste, les choses sont tout de même plus compliquées.

Nul besoin d’être un éminent chercheur ou une sommité dans la connaissance de l’environnement pour constater, au niveau local, les effets de la déforestation. Les « greta-thunbergiens » se crêpent le chignon avec les anti-« greta-thunbergiens » et, pendant ce temps, les forêts, les bois, les talus disparaissent sous nos yeux en même temps qu’une faune et une flore diversifiées qu’ils abritaient. Le problème est moins dans le nombre d’hectares de surface boisée que dans la constitution et la répartition de celles-ci.

Les forêts de feuillus qui devraient être considérées comme des biens stratégiques, tant elles sont utiles à l’environnement, disparaissent et subissent le grand remplacement aussi vite que les années passent pour un retraité. Elles fournissaient le bois de chauffage localement, et cela, de façon quasi éternelle quand elles étaient exploitées raisonnablement, puis sont arrivées les énormes machines et la mondialisation. Les forêts sont, aujourd’hui, rasées à blanc, le bois est en partie exporté. La faune, privée de nourriture et d’abri, est éliminée ou poussée à migrer, entraînant avec elle les éventuelles zoonoses dont elles sont les réservoirs (borréliose, par exemple). Les filtres naturels inimitables qu’elles constituaient sont remplacées tant bien que mal par des stations construites aux frais du contribuable. En cas de pluies abondantes, la terre n’étant plus retenue sur les zones pentues s’évacue et laisse un terrain désertique. Des couloirs à vent sont là, prêts à faciliter le travail destructeur des tempêtes. Ces arbres sont abattus toute l’année, y compris en période de reproduction des oiseaux, insectes et petits mammifères. Ce tableau est noir mais réaliste.

Les forêts de résineux, parfois poussées naturellement mais le plus souvent plantées pour être exploitées, remplacent les feuillus car plus rentables. Ces forêts industrielles, principalement composées de douglas, non seulement ne sont pas très utiles à la faune, mais en plus acidifient sols et rivières ; la faune aquatique en subit les conséquences. Les jeunes arbres constituant ces plantations sont trempés dans des mélanges de pesticides qui remontent par les tiges dans les bourgeons. Les abeilles « domestiques » et sauvages récoltent la propolis dans ces bourgeons ; on peut imaginer le résultat pour elles.

Cela dit, il faut bien une industrie forestière, mais elle devrait être pensée et gérée par de vrais spécialistes conscients de l’enjeu environnemental et pas par des traders en col blanc et chaussures pointues au service des assurances, mutuelles et fonds de pension qui font main basse sur nos forêts.

Les bosquets et talus n’échappent pas au massacre, souvent en vue de l’agrandissement des pâtures. Moins visibles, ces pratiques sont tout autant désastreuses, tant ces lieux abritent une diversité de faune et de flore. Dans certaines régions, localement, on finance la replantation des haies après en avoir encouragé la destruction, mais ceci reste marginal.

Habitant au sein d’un parc régional, je constate d’année en année l’accélération de ces abattages massifs, les bords de routes sont jonchés de grumes prêtes au départ. L’installation de la fibre optique aérienne n’arrange pas les choses et est un bon prétexte pour éliminer les arbres « de bord de route ». À tous les lecteurs et lectrices de cet article, je souhaite néanmoins une bonne année 2020 avec de nombreuses balades régénérantes en forêt.