C’est la première viande artificielle de l’histoire. Créé en laboratoire par Mark Post, ce biologiste néerlandais, le Frankenburger a été cultivé in vitro à partir de cellules musculaires de bœuf. Quasiment identique à l’original en goût et en apport calorique, cette invention promet d’éradiquer la pénurie de viande annoncée, avec bientôt 10 milliards d’habitants à nourrir. Arrivée en supermarché prévue dans sept ans.

Paris Match. Comment obtient-on un steak synthétique ?

Mark Post. On commence par récolter un échantillon de cellules de bœuf. Ensuite, il faut compter environ neuf semaines pour les transformer en tissu musculaire. Un jour, ce processus pourra être développé à grande échelle. Et il ne sera pas nécessaire d’être un scientifique chevronné pour synthétiser de la viande à la maison. On devrait même pouvoir la préparer chez soi.

L’avez-vous déjà testé ?

Bien sûr ! Nous l’avons aussi fait goûter à deux critiques culinaires. En bouche, il a la saveur et la texture du bœuf fermier. Peut-être un peu plus sec du fait d’un manque de matières grasses. Nous travaillons actuellement à son optimisation. A terme, ses valeurs nutritionnelles seront comparables à celles d’un steak traditionnel. Seuls certains composants, comme la vitamine B12 non produite par le muscle lui-même, seront ajoutés.

“Consommer un steak de synthèse ne sera ni plus ni moins dangereux que manger un steak d'élevage”

Quels sont les risques pour la santé ?

A produits équivalents, risques équivalents. Consommer un steak de synthèse ne sera donc ni plus ni moins dangereux que manger un steak d’élevage. Plutôt moins en réalité, si nous arrivons à réduire le taux de graisses saturées, génératrices de mauvais cholestérol. Commercialisé, notre steak sera de toute façon soumis aux mêmes normes sanitaires que les autres denrées alimentaires. D’ici son arrivée en supermarché, nous nous attendons toutefois à faire face à des résistances politiques, économiques, voire idéologiques.

Pourquoi avoir choisi le bœuf ?

Parce que c’est le bétail le plus polluant à produire et le moins efficient dans la chaîne alimentaire. Mais la manipulation, inoffensive, peut être déclinée sur divers animaux : poulets, poissons, etc. Pour le moment, nous restons concentrés sur le bœuf. C’est le choix de Sergey Brin, le cofondateur de Google qui nous finance sur ses fonds propres.

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