On
l’avait baptisé Marius...Ce
n’était déjà plus un bébé, il n’avait plus un physique de
jouet en peluche, mais c’était un mignon girafon au regard
confiant... Il avait dix-huit mois...
Il
y a dix jours, des bureaucrates danois cyniques l’ont tué, tous
fiers d’eux, au cours d’une exhibition publique immonde annoncée
par voie de presse - qui a tenu du grand guignol - à laquelle
« ils » avaient convié même les enfants ! Et
le plus aberrant, c’est que des parents aient amené des enfants à
ce spectacle ! Cela
semble être courant au Danemark où les tueries millénaires de
dauphins des îles Faroe attirent tout un public... avec
poussettes (c’est une manie !). Il paraît que c’est
« culturel » !(1)
Question
qui me taraude : au Danemark les carreaux de tuerie sont-ils
aussi d’accès public aux heures d’abattage ? Payant ?
Avec réduction pour les familles nombreuses ? Gratuit pour les
poussettes ?
C’est
vrai que le massacre d’animaux est très édifiant pour les
masses... quand ce n’est pas une distraction recherchée
offerte aux enfants ! Là, si on n’a pas vu le préfet Carenco au
premier rang, c’est qu’il n’avait pas dû être invité...(2)
C’est
vrai que c’est au Danemark que l’affaire Marius se passe !
Et plus précisément au zoo de Copenhague (installé à
Frederiksberg). Pourtant cette institution s’était jusqu’ici
signalée plutôt en bien... (A moins que les informations connues
n’aient été soigneusement filtrées.) Car
quand « on »
s’y vante maintenant de tuer « une trentaine d’animaux par
an », on peut se poser bien des questions...
Frederiksberg
fut même un zoo en pointe pour ses installations, il y a une
trentaine d’année. A l’époque, je suis allé tout exprès
là-bas pour contempler un type tout à fait original d’installation
pour les oiseaux tropicaux : installés sur le pourtour d’un
grand hall dans d’immenses alcôves latérales somptueusement
bourrées de plantes tropicales - lavées tous les jours pour les
débarrasser des excréments – les oiseaux semblaient en liberté
totale : les « cages-alcôves » n’étaient pas
fermées au sens propre ! Elles étaient obturées par une
barrière infrarouge – invisible – qui créait un mur de chaleur,
très localisé, qui tenait lieu de vitre ou de grillage : voir
ces oiseaux foncer du fond de leur alcôve vers le centre du hall et
bifurquer au dernier moment lorsqu’ils atteignaient ce mur de
chaleur, c’était un spectacle...
Une
indéniable réussite en matière d’originalité d’agencement
et de confort pour les animaux ! Remarquable !(3)
L’affaire Marius aussi a été remarquable... mais pas pour les mêmes raisons.
En fait il y a deux choses très distinctes à analyser :
- Les motivations d’une mise à mort gratuite et honteuse,
- Les conditions aussi scandaleuses qu’abjectes de la fin de cet animal...
Et
si on a un peu de mémoire on se rend compte que nous, en France,
nous n’avons guère de leçons à donner aux danois en la
matière ! Et il n’y a vraiment pas de quoi se vanter ! Mais
on oublie...
Persan
II, ce nom ne dit plus rien à personne ?
Apparemment,
le ménage a aussi été fait sur le net, pour faire oublier son
exécution au Haras National de Blois ! Mettre en parallèle
Marius et Persan II n’a rien d’artificiel : les mêmes
causes entraînent les mêmes effets ! On y retrouve les froids
calculs des généticiens, la morgue des dirigeants des programmes
d’élevage, le besoin de faire parler d’eux des responsables, et
hélas souvent l’inertie des associations de protection animale
quand elles sont alertées à temps, ce qui là ne fut pas le cas (à
la différence de la récente affaire danoise): le secret fut percé
trop tard !
Et
puis évoquer Persan II, quand plus personne n’en parle, c’est
aussi une façon de lui rendre hommage car je pense qu’il n’est
pas sorti de là où on a dû le remiser par peur du scandale :
dans les réserves du Muséum d’Histoire Naturelle !
Persan
II, célèbre étalon de selle, en dépôt au Haras National de
Blois, connut un jour des problèmes de fertilité... Malgré un
traitement à l’INRA de Tours, il fut reconnu inapte à la
reproduction par les Haras Nationaux et retourna au dépôt d’étalons
de Blois. Dès lors se posait la question de sa réforme.
Très
généralement, les étalonniers des haras demandent à racheter « au
plus offrant » les étalons qui partent en retraite. Une
procédure simple, classique, où chacun des gardes intéressés
inscrivent un chiffre sur un petit papier déposé dans une urne mise
à disposition pour. Et bien sûr il y eut des propositions...
Il
y eut même des offres de rachat par différents haras privés, ce
qui est toujours source de méfiance : dame, si l’étalon
finissait par refaire des saillies, l’administration des Haras
Nationaux se couvrirait de ridicule... (Pourtant il suffirait de
refuser de délivrer des carters de saillies pour être à l’abri
de ce genre de surprise !)
C’est
là qu’un technicien des Haras Nationaux, attaché au Haras
National de Blois, voulut se faire remarquer. Et malheureusement pour
Persan II ce triste personnage était le mari de la directrice dudit
haras. La suite dépasse l’imagination, mais je dispose toujours
des doubles des courriers qui m’ont été obligeamment transmis par
l’administrateur du Muséum, légitimement soucieux de faire
éclater sa bonne foi lorsque je lui ai demandé des comptes au nom
de la Ligue Française de Protection du Cheval, face au scandale que
j’avais fait éclater avec l’aide de la femme de l’un des
employés du haras !
L’histoire
ne dira jamais comment ledit technicien - dont je tairai ici le nom,
prestigieux et respectable, par égard pour les autres membres de sa
famille – put utiliser le papier à entête du directeur du
haras... Toujours est-il qu’il écrivit au Muséum pour exposer
qu’il avait remarqué que la grande galerie de l’évolution
nouvellement créée ne présentait pas de cheval et que le Haras
National de Blois disposait d’un très bel étalon dont l’état
de santé déficient (?) ne permettait plus d’envisager autre chose
qu’une euthanasie et qu’à tout prendre le voir naturalisé dans
le cadre prestigieux du Muséum serait une façon de
l’honorer (sic !).
Il
ajoutait ensuite que si le Muséum était effectivement intéressé,
un protocole serait mis au point pour agir en toute discrétion et
que les taxidermistes ne puissent être impliqués dans
l’euthanasie : ils pourraient intervenir aussitôt après
(resic !). Ce après quoi, il précisa délicatement dans
une lettre – signée de sa main : « Nous
faisons notre affaire de la viande et des abats ».
J’ai la copie de la lettre !
Ainsi
fut scellé le sort de Persan II.
L’immonde
technicien fit alors le tour de tous les équipages de chasse de la
région espérant qu’un maître d’équipage le débarrasse du
dépeçage, mais ce fut peine perdue. Certains n’aiment pas les
veneurs, et je le déplore, mais ce sont aussi des hommes de
chevaux... Aucun ne voulut se rendre complice de cette saloperie.
Au
Haras de Blois personne ne comprit pourquoi Persan II, déclaré
admis à la réforme n’avait pas été attribué, ni pourquoi un
matin où pratiquement tout le personnel s’est trouvé en repos, un
fourgon du Muséum National d’Histoire Naturelle stationnait à
proximité...
Persan
II fut euthanasié vers 8 h 30 dans la salle de monte (délicate
attention !). Il avait dix-neuf ans et était en pleine forme.
C’est alors que certains gardes, encore en service, comprirent
brusquement ce qui se passait et alertèrent. Il n’y avait pas de
téléphone portable prenant des photos à l’époque, mais certains
escaladèrent le toit pour témoigner de « l’exploit »,
appareil en main. Le scandale éclata dans la matinée...
Averti
par mes soins, le contrôleur général des Haras convoqua aussitôt
la directrice du haras de Blois et son bourreau de mari. On raconte
que l’isolation phonique des bureaux de l’Avenue de la grande
Armée ne suffit pas à masquer les éclats. Mais cela n’empêcha
pas par la suite la mutation, prévue de longue date, du couple
infernal à la direction du haras National de Hennebont.
Une
exécution gratuite, motivée autant par la bêtise que par la
crainte de voir l’administration désavouée si jamais il s’était
avéré que cet étalon n’était pas si stérile que cela...
L’affaire
Marius présente une analogie frappante :
le refus de laisser partir un animal qu’on ne voulait pas conserver
pour des « motifs génétiques ». Là on parle de
question de consanguinité.(2)
On
peut pourtant se poser la question de savoir pourquoi le zoo a refusé
de vendre cet animal ! Il y a suffisamment de réserves, de zoos
et même de riches particuliers qui auraient été intéressés !
Mais personne ne fut averti en dehors d’un groupe de zoos
restreint pour qui la question de la consanguinité excluait toute
possibilité d’accueil dans le réseau de l'EAZA, qui en compte
300... Pas les autres ! Le directeur de la réserve africaine de
Sigean ne décolère pas...(3)
L’arrogance
de la direction du zoo déclarant que : « la
vente des animaux n’est pas dans la politique de l’établissement »
n’est certainement pas une excuse ! Surtout quand il est fait
état, de l’abattage d’une trentaine d’animaux tous les ans !
Inadmissible ! Les parcs zoologiques ont-ils pour vocation
d’être des conservatoires ou des centres d’élevage d’abattage ?
Et que dire s’il y a dans le lot des spécimens d’espèces rares
et protégées coupables seulement de ne pas avoir le bon profil
génétique ? D’autant que comme tous les parcs zoologiques,
Frederiksberg doit aussi pleurer misère et chercher des subsides par
tous les moyens... Alors refuser des sommes conséquentes par
arrogance et cynisme quand en plus cela sauve la vie à des animaux
qui ne demandent qu’à vivre, nés dans des structures où le
public est enclin à mettre la main à la poche pour aider à leur
bien-être, cela aujourd’hui pose question !
Mais
au-delà de l’absurdité de cette histoire et de la découverte de
cette triste « habitude » d’abattage, le plus choquant
ici est l’odieux spectacle qui en est résulté orchestré par
la direction du zoo qui en avait la publicité sur son site ! Et
aucune association de protection animale danoise n’a protesté, ni
avant, ni après ! Les
autres n’ont pas pu intervenir à temps...
La
campagne internet aura au moins servi à quelque chose, car ces
sauvages, tueurs invétérés, avaient prévu dans un autre zoo une
autre exécution de girafe prénommée aussi Marius... décidément...
Mais aujourd’hui une campagne internationale bat son plein, à la
hauteur du scandale : une exécution programmée, publique, au
pistolet d’abattage, suivie... d’un dépeçage ignoble auquel se
pressaient même des enfants ! Quel édifiant spectacle !
Les photos parlent d’elles-mêmes ! Nous sommes au grand
guignol !
Comme l’aurait dit Hamlet : « Il y a quelque chose de pourri au royaume de Danemark ! »
Pire,
pour la satisfaction des instincts les plus bas des spectateurs,
brutes sanguinaires de tous âges, les quartiers découpés, comme
annoncé, seront distribués aux fauves pour leur repas !
L’abjection à son comble ! Comme dirait le préfet Carenco
qui n’a pas réussi, malgré son entêtement, à faire abattre les
éléphantes du Parc de la Tête d’Or : « Mais
ce ne sont que des bêtes ! »
Ce
fait divers dégueulasse pose une question jusqu’ici jamais
évoquée : celle de la surveillance et du contrôle en matière
de protection animale des établissements zoologiques ! Une
question désormais à l’ordre du jour, pas seulement au Danemark !
Aux associations à se mobiliser même et surtout au niveau
international ! Dans l’intervalle, chacun peut se mobiliser
et agir : faire pression sur l’état danois et sur la
direction du zoo est possible : cela ne doit plus jamais ce
reproduire ! Premier levier à agiter : l’argent !
Plus un sou pour Frederiksberg car les tueurs ont des sponsors !(4)
Si l’on voulait être aussi cynique qu’eux, on pourrait ajouter que Marius aurait pu être naturalisé, comme Persan II : un montant financier non négligeable pour le zoo...
Saint-Plaix
19 -02 -14
Pour
ceux qui veulent se mobiliser et manifester leur horreur :
Copenhagen Zoo, Frederiksberg
Roskildevej 32,
Frederiksberg 2000
http://www.zoo.dk/BesogZoo.aspx
contact presse:
00 45 30 16 73 47
Ambassade du Danemark
77 Avenue Marceau
75116 Paris
Tel 0144312121
Fax 0144312188
Notes :