Chapitre 4

Le meilleur des mondes


(…) la mouvance idéologique n’hésite pas à envisager de supprimer purement et simplement des règles héritées de plusieurs dizaines de siècles de civilisation, pour satisfaire les intérêts individuels que revendique une petite minorité de la population, quitte à déstabiliser durablement le reste de la société.

Ainsi en est-il du « droit à l’enfant » revendiqué par certains homosexuels pour satisfaire davantage un phénomène de mode, semble-t-il, qu’une légitime égalité de droits entre couples homos et hétéro.

Un couple homosexuel est par nature stérile, à l’inverse du couple hétérosexuel seul susceptible de perpétrer l’espèce, et d’assurer la survie d’une société.

On peut le regretter, mais c’est ainsi !

C’est une loi naturelle à laquelle l’homme se soumet depuis la nuit des temps, lui permettant ainsi de perpétrer son espèce. Nous pouvons chercher à aménager cette loi, à l’améliorer ou à en assouplir son fonctionnement (comme avec l’utilisation des moyens contraceptifs pour ne citer que cet exemple), afin de l’adapter à l’évolution de nos mœurs sociales, mais vouloir s ‘en affranchir au nom de pseudo principes égalitaires est une démarche non seulement vaniteuse mais suicidaire

Le couple hétérosexuel est, à priori fertile, et le couple homosexuel est, de fait, stérile.

On peut, au nom d’idéaux qui se veulent novateurs, refuser d’assumer cette stérilité, et considérer que l’enfant doit être un droit pour tous. Dans ce cas pourquoi le couple hétéro serait-il le seul à pouvoir facilement engendrer et bénéficier d’enfants ?

Si l’on veut pousser le raisonnement jusqu’à l’absurde, la solution la plus équitable serait d’interdire aux couples hétérosexuels de procréer, afin de rétablir un équilibre de droits entre homos et hétéros, obligeant ainsi le couple hétéro à recourir à l’adoption pour bénéficier de ce droit à l’enfant.

(…) Toute filiation génétique serait ainsi abolie entre parents et enfants, mettant toutes les familles sur un pied d’égalité, et on créerait en même temps plusieurs milliers d’emplois de mères porteuses.

On peut penser que de telles solutions ne sont pas envisageables, et que de toute façon elles sont irréalisables.

Erreur ! Les moyens existent. La technique médicale nous permet aujourd’hui de réaliser tous ces fantasmes, même les plus farfelus comme ceux que nous venons de décrire. (…)


Chapitre 6

Le poids de l’industrie pharmaceutique


Contrairement à ce que pense généralement le grand public, le but de l'industrie pharmaceutique n’est pas uniquement de se situer au service des malades en essayant de trouver les médicaments utiles aux pathologies dont ils peuvent souffrir.

Cette industrie, comme toute entreprise commerciale, raisonne en termes de marché, et de par son poids économique, initie ou organise la plupart des programmes de santé.(…)

Nous sommes bien loin de l'image d'Épinal où l'on voyait un apothicaire fabriquer les médicaments prescrits par le médecin. En se substituant à l'apothicaire pour la fabrication des médicaments l'industrie pharmaceutique a pris progressivement le contrôle du système, et par sa position dominante, intervient même dans la communication grand public et professionnelle pour stimuler le marché ou créer de nouveaux besoins.

Pourtant on continue à raisonner comme si la santé ne s’organisait qu’entre deux acteurs, le malade et le médecin. Le premier pour le culpabiliser, le second pour en faire le responsable des dépenses, considérant que les industriels de la santé ne font que suivre les caprices de l’un et les exigences de l’autre, alors qu’en réalité se sont eux qui mènent le bal.(…)

Non contente d’agir par lobbying direct ou indirect au niveau des décideurs, l’industrie pharmaceutique contrôle également la quasi-totalité de l'information et de la formation post universitaire des médecins, comme le souligne les sénatrices M-T. Hermanges et A-M. Payet dans leur rapport effectué en 2006 pour la commission des affaires sociales du Sénat : « Médicament : restaurer la confiance ».

Pourrait-il en être autrement alors que l’industrie (car elle seule peut en assurer le financement), contrôle la quasi-totalité des essais cliniques, en définissant les critères et l’analyse des données.(…)

La visite médicale ne répond qu’à des impératifs commerciaux, et contrairement à ce qu’elle essaie de faire croire, elle est parfaitement inutile en matière de formation professionnelle.

Toutes ces actions marketing sont très bien orchestrées. De plus en plus fréquemment on commence par créer la demande auprès des (futurs) patients par des articles dans la presse grand public, puis on sensibilise le médecin à cette « nouvelle » pathologie par des comptes rendus de séminaires ou congrès dans la presse professionnelle, et enfin, arrive le visiteur qui vous présente le remède miracle que vous étiez sensé tant attendre.

Dans ces conditions il est bien sûr très difficile pour le médecin, isolé dans son cabinet, d'échapper à l'influence des laboratoires et de conserver une attitude objective vis-à-vis des traitements proposés.(…)


Chapitre 7

Le Mediator et les autres.


(…) Le médecin n’a pas à se soucier du prix des différentes spécialités proposant une molécule identique. Ce n’est pas à lui de faire le ménage et de prescrire le moins cher, sous prétexte que nos décideurs n’ont pas été capables d’imposer un prix unique de remboursement pour des produits identiques.

On peut comprendre que des critères économiques entrent en jeu lors de ces négociations, surtout lorsqu'ils sont destinés à maintenir des emplois, où qu’ils font état de frais de recherche particulièrement onéreux, mais il est beaucoup plus difficile d'admettre que la même molécule puisse être vendue à des prix extrêmement différents, variant presque du simple au double, selon le mode de conditionnement.

C'est le cas par exemple, de la  lomefloxacine dosée à 400 mg qui est vendue 4,6O € le comprimé par boîte de trois, sous la marque « Logiflox », et 2,80 € le comprimé par boîtes de 10 sous la marque « Decalogiflox », ou encore de la pefloxacine 400mg vendue 3,10€ le comprimé par boite de 28 sous la marque « Peflacine 4OO », et 7,70 € (soit plus du double !) lorsqu’elle est vendue en boite de 2 comprimés et qu’elle s’appelle alors « Péflacine monodose » !

La logique voudrait qu'on rembourse le produit sur la base d'un prix fixé au milligramme ou au gramme, mais cela est sans doute trop simple.

Trop simple sans doute aussi, la possibilité pour le pharmacien de délivrer les médicaments au comprimé, comme cela se pratique dans d’autre pays sans nuire pour autant à la santé des malades, et non par boite entière comme cela se pratique en France !


(…) Depuis quelques années, en matière de médicaments, nous sommes entrés dans une véritable économie de marché qui répond davantage aux lois de la concurrence, qu’à des critères de santé publique.

Les médecins sont très éloignés de ces considérations dans leur pratique quotidienne, mais les impératifs du marché du médicament, par les règles qu’ils imposent en bout de chaîne, influencent, souvent à leur insu, leurs prescriptions et leur conduite thérapeutique.


Chapitre 9

D’autres moyens thérapeutiques


Se soigner autrement au simple prétexte de ne pas vouloir enrichir l’industrie pharmaceutique serait stupide. Cependant on peut être légitimement tenté de rechercher d’autres méthodes de traitement, surtout pour des pathologies dans lesquelles la thérapeutique « classique » est peu ou pas efficace.

(…) On peut alors envisager de recourir à des méthodes thérapeutiques non pas parallèles, (cette appellation ne rime à rien) mais tout simplement différentes et souvent complémentaires. Traitements qui auront pour but de rééquilibrer le terrain afin de permettre à l’organisme de retrouver un fonctionnement « normal », pour pouvoir vivre en symbiose harmonieuse avec son environnement.

C’est ce que vont essayer de faire des thérapeutiques qui n’envisagent pas que le symptôme émergeant, mais qui ont une approche plus globale de la notion de maladie. Ces médecines essaient de rétablir un équilibre entre le corps et l’esprit, entre l’individu et son écosystème, considérant que la pathologie naît d’un déséquilibre à un de ces niveaux.(…) En France, les médecins qui ne se contentent pas des recettes thérapeutiques proposées par l’industrie pharmaceutique, et qui optent pour une démarche différente, utilisent souvent l’homéopathie ou l’acupuncture dans leur pratique quotidienne. Ces deux méthodes offrent une vision plus globale de l’organisme, et peuvent permettre de rétablir un équilibre susceptible d’éviter les dysfonctionnements générateurs de maladie.

(…) La notion de maladie est variable d’une société à une autre, d’une époque à une autre, ou selon qu’on l’envisage d’un point de vue individuel ou collectif.

(…) A des critères cliniques s’en ajoutent d’autres, sociaux ou sociétaux, le tout sur un fond d’enjeux économiques, ce qui ne facilite pas le tri entre les états normaux (jusqu'à quand ?) et ceux qui, sortant de la norme, sont considérés comme pathologiques.

(…) Parmi les moyens utilisés pour lutter contre les maladies, ce sont parfois des choses toutes simples qui peuvent éviter d’avoir recours à des traitements.

En période d’épidémie de grippe on nous conseille, à juste titre, de se laver fréquemment les mains, voire de porter un masque pour les sujets atteints afin de ne pas favoriser la dissémination du virus.(…) Il est cependant paradoxal de constater que dans les lieux publics, et tout particulièrement dans les hôpitaux ou les germes pullulent, les poignées de porte et autres instruments que les gens tripotent à longueur de journée, sont en plastique ou en acier inoxydable, substances facilement nettoyables certes, mais qui ne possèdent aucune vertu aseptisante à l’inverse du cuivre, comme l’ont démontré des études récentes

(…) Ce sont parfois des contraintes économiques, géographiques ou politiques qui ont conduit les médecins à trouver d’autres voies thérapeutiques que celles que nous utilisons dans nos sociétés. (…)Il ne serait peut être pas stupide alors, de reconsidérer ces recherches afin de développer si possible d’autres moyens de lutte.

(…) Mais tant que l’essentiel de la recherche est directement tributaire de l’industrie pharmaceutique, il est peu probable que les voies de développement qu’elle ne contrôle pas connaissent un grand succès. Si nos universitaires voulaient bien se pencher, sans à priori, sur le mode d’action des remèdes homéopathiques, des oligo éléments, de l’acupuncture, cela permettrait d’en préciser les indications et d’en améliorer l’efficacité, valorisant ainsi des thérapeutiques très utiles en pratique quotidienne de médecine générale et au prix de revient très faible. Mais sous prétexte qu’on ne peut les inclure dans le cadre habituel des études destinées aux médicaments classiques, on préfère le plus souvent les ignorer.(…)

Alors, faute d’avoir su aménager et compléter nos moyens thérapeutiques, faute de savoir suffisamment écouter le malade, faute de trop souvent ne considérer que la maladie et la thérapeutique à y appliquer sans se soucier de son l’environnement, nous risquons voir se développer en marge de la médecine officielle, des procédés pseudo-thérapeutiques prônés par des gourous issus d’écoles obscures, reconvertis en « coach de santé », à qui le malade accordera toute sa confiance car il saura le prendre en charge dans sa globalité, contrairement au médecin, considéré le plus souvent comme un simple technicien.


Chapitre 12

Les friches médicales.


Le manque de médecin est maintenant une réalité.

Dans les années 80 est apparue aux yeux des décideurs et économistes de l'époque, l’étrange idée de diminuer le nombre de médecins, pensant qu’ainsi ils diminueraient le coût des dépenses sanitaires. Ils ont donc mis en place un numerus clausus destiné à limiter l'accès aux études médicales.

(…) Pas étonnant alors que certaines zones géographiques deviennent de véritables friches médicales. Non seulement on manque globalement de médecins, mais la plupart d'entre eux ne désirent pas être médecin généraliste, et en tout cas pas dans les conditions difficiles d'un exercice isolé.

(…) Pour pallier au manque de médecins dans certaines régions, des élus locaux ou des groupements professionnels, ont envisagé de subventionner et d’encourager la création de maisons médicales, en prenant en charge tout ou partie des frais de fonctionnement, pour stimuler l'installation dans ces zones déshéritées.

L'idée est séduisante mais il semble qu'elle fasse long feu.(…) Alors plutôt que d'envisager des mesures de replâtrage ou un dispositif autoritaire, ne vaudrait-il pas mieux établir un état des lieux et accepter l'idée que dans certaines zones, l'exercice libéral de la médecine n’est plus adapté aux besoins du terrain, car cet exercice procède d’un choix, basé sur l’attrait ou l’intérêt professionnel que peut éprouver un médecin pour justifier son installation. Si ces conditions ne sont pas remplies, il est illusoire d’espérer la création d’un cabinet libéral dans un lieu jugé à priori peu attractif.

Si l'on accepte ce postulat, il faut envisager un service public, et on peut imaginer la création de centres de santé, dont le financement serait assuré par la collectivité (territoriale ou l’état, ou autres), afin que les populations locales puissent avoir recours à des prestations de soins, identiques à celles dont elles pourraient bénéficier dans d'autres endroits du territoire, où la médecine libérale est bien représentée et assure ce service de santé publique.

(…) On ne peut hélas espérer résoudre tous ces problèmes (pénurie de médecins, désintérêt des jeunes pour la pratique de leurs aînés, contraintes économiques), par un coup de baguette magique, mais des solutions existent, et peuvent être réalisables à court terme.

Ce n’est qu’une question de moyens et de volonté politique.


Chapitre 14

Y a-t-il des solutions ?


La médecine est malade. Son état n’est pas encore gravissime mais les premiers symptômes indiquent qu’il s’agit d’un mal insidieux qu’il faut prendre sérieux, qui ne passera pas tout seul.

En ce qui concerne l’exercice de la médecine, nous continuons à raisonner comme nous le faisions il y a 50 ans. Mais le monde a bien changé depuis, les médecins aussi. Ils n’appartiennent plus à la caste des notables et les malades de moins en moins à celle des « patients ». L’intrusion des critères économiques dans le monde de la santé, qui est devenu un vaste marché, bouscule les repères, et les médecins ont du mal à respecter une éthique exigeante et les règles d’une déontologie pourtant indispensable pour eux comme pour leurs malades

(…) La société change, les malades deviennent plus exigeants, ils ne sont plus ignorants, même si parfois il ne s’agit que d’un pseudo savoir glané sur les forums d’Internet, et les médecins n’acceptent plus les conditions de travail de leurs aînés. Ajoutons à cela que nous avons la chance de vivre dans un pays au niveau de vie élevé, dans une société de consommation où nous sommes pris en charge à la moindre égratignure, pour laquelle nous estimons avoir droit aux meilleurs soins.

(…) Il faut aussi pouvoir dégager le médecin de la toute-puissance de l’industrie pharmaceutique qui règne en maître sur son information. Créer des organismes indépendants chargés d’évaluer les médicaments de manière objective, et permettant de juger l’efficacité d’un traitement par rapport à ses effets secondaires, afin d’en connaître vraiment le rapport bénéfice/risques.

Ce n’est que dans ces conditions que le médecin pourra faire un travail de qualité.

(…) Le « nouveau médecin » devra donc prendre en compte non seulement la maladie de son malade, mais aussi les facteurs aggravants ou initiaux, dont il devra dénoncer le rôle pathogène, ce qui implique qu’il puisse avoir recours à des relais fiables et capables d’agir à ce niveau. Ce n’est pas le cas actuellement.

(…) Toutes ces mutations, sociales, thérapeutiques, environnementales, ne doivent ni nous effrayer ni nous aveugler, mais elles nécessitent une prise de conscience rapide de la profession pour définir, à partir de ces données nouvelles, des objectifs à moyen et long terme, pour préserver l’essence même de notre profession,  afin de ne jamais considérer le malade comme un dossier à traiter, mais comme un être qui souffre.


Dr J.M. Lacroix