« Merci la Terre » Epitomé de l’Ecologie. Un livre fut écrit en 1989 à la demande du ministère de l’Environnement et destiné aux enfants...

Préface

 

Nous nous appelons les hommes

 

« Homme : C’est un être sentant, réfléchissant, pensant, qui se promène librement sur la surface de la Terre, qui paraît être à la tête de tous les autres animaux sur lesquels il domine,

qui vit en société, qui a inventé des sciences et des arts… »

Diderot

 

« La philosophie est chose trop sérieuse pour qu’on la laisse aux philosophes. »

Arthur Koestler

 

Nous sommes bipèdes, nous sommes mammifères, nous n’avons ni ailes, ni nageoires, nous sommes plus de sept milliards. Nous nous appelons les hommes.

 

Nous habitons une planète que nous appelons Terre, une planète qui abrite un curieux phénomène : la vie.

 

Une planète que nous voyons de moins en moins, enfermés que nous sommes dans nos appartements, nos villes, nos voitures, notre univers aménagé par nos techniques.

 

Mais, de l’autre côté de la vitre de la maison humaine, la planète est là, immense, silencieuse, obéissant aux forces gigantesques qui régissent la matière dans l’univers. (Pensons au film Melancholia de Lars von Trier…) Nous avons l’impression d’être l’espèce vivante la plus évoluée. Nous avons tendance à croire que la planète nous appartient. Nous allons jusqu’à dire que la planète est en danger. La planète n’est pas en danger. C’est l’humanité qui s’est mise en danger.

 

Nous traitons toutes les autres espèces vivantes et la nature elle-même comme si elles étaient notre propriété.

 

Mais nous sommes arrivés au point où, par notre inventivité, notre industrie, par notre nombre, nous commençons de perturber le fonctionnement de la nature et de la vie. Nous le mettons en péril.

 

Alors il faut regarder avec de nouveaux yeux. Non pas avec ceux des premiers hommes, qui craignaient la nature, mais avec ceux de notre époque, comme des hommes qui progressent dans le domaine de la connaissance, mais doivent encore acquérir la sagesse.

 

Il faut savoir qu’aucune structure démocratique, ni même politique classique, ni même une dictature ne résistera au chaos entraîné par un changement climatique soudain, ou un accident nucléaire de grande ampleur. L’un et l’autre sont possibles à très court terme.

 

Nous devons admettre que nous entrons dans l’âge écologique, que nous le voulions ou pas. Depuis quarante ans, il faut constater que le seul progrès philosophique, moral, politique, social résulte de la réflexion écologique. On cherche quel autre progrès se serait produit.

Les vieilles étiquettes politiques – libérales, socialistes, de droite ou de gauche ou des extrêmes – deviennent secondaires.

 

Nous sommes tous écologistes ou bien nous disparaîtrons


LE COMMENCEMENT DU MONDE

 « L'homme est désespéré de faire partie d'un monde infini, où il compte pour zéro. »
Ernest Renan

On aurait aimé assister au début du monde. A supposer que l'on ait pu trouver un coin tranquille où s'asseoir, avec un bon point de vue.
Quel spectacle ce devait être.

 

C'était il y a quelque vingt milliards d'années. D'abord, il y eut le Big-Bang. Le Big-Bang, c'est le nom donné par les scientifiques à l'explosion qui marqua le début de notre univers. Mais peut-être fut-il silencieux, parce qu'avant, on ne sait ce qu'il y avait, en tout cas ni temps ni espace. Ce fut sans doute mouvementé, brûlant, glacé, confus. Puis la matière commença de se répandre dans l'espace.

Des milliards d'années passèrent. Des galaxies naquirent, plus de cent milliards. On désigne la nôtre sous le nom de Voie Lactée. A l'intérieur de ces galaxies, des groupes d'étoiles, comme notre système solaire, dont la Terre n'est qu'une petite planète…
Les mots et les chiffres ne peuvent décrire cet univers en plein bouillonnement, en gigantesque effervescence d'avant l'homme. Le solide et le liquide, le clair et l'obscur, le haut et le bas, la droite et la gauche s'organisèrent.

Par ici les habitants de l'eau et ceux de l'air. Il est étonnant de voir aujourd'hui comment tous ceux qui racontèrent ou décrivirent les premières explications du monde eurent une perception étonnante de ces phénomènes que la science contemporaine vient seulement de nous expliquer avec un peu plus d'exactitude.

Comme ci ces hommes avaient conservé la mémoire des événements. Comme si chaque atome de la matière qui les composait, et nous compose encore, avait conservé la mémoire des débuts du monde et la leur avait restituée.

Parce que depuis le Big-Bang, c'est toujours la même « chaire sidérale », les mêmes atomes qui servent et réservent, et nous composent encore en ce moment.

La vision de l'univers des premiers hommes était plus domestique, plus confinée à ce qu'ils pouvaient voir, coincés qu'ils étaient entre un ciel bas, piqueté d'étoiles, et une terre plate dont ils ne soupçonnaient pas la rotondité. Deux astres prodigieux tournaient autour d'eux : la lune et le soleil. Et ils savaient déjà que le soleil fécondait la terre et y rendait la vie possible. Leur vision du monde devait être fabuleuse parce qu'ils touchaient le mystère tout autour d'eux, à bout de bras.

Aujourd'hui, la science a démesurément agrandi l'univers. A tel point que nous n'en percevons plus les limites. Nous nous y sentons perdus. Contrairement à ce qu'affirmaient les traditions anciennes, nous découvrons que nous ne sommes pas au centre du monde…

L'univers nous paraît toujours aussi mystérieux, même si des sondes, des satellites ont été lancés dans l'espace pour photographier des planètes si lointaines — à notre échelle — qu'ils mettent plusieurs années à les atteindre.

La Voie lactée a la forme d'un disque, et rassemble au moins 100 milliards d'étoiles. A l'œil nu, nous pouvons en voir 3 000.

C'est en 1859, avec la publication de « L'Origine des espèces », que Charles Darwin met fin au mythe de la création du monde en 4004 avant Jésus-Christ.

A LA REFLEXION
L'univers nous est incroyable, parce qu'immense. Ses limites, que l'on a déjà du mal à imaginer, se repoussent sans cesse. La Terre flotte dans un cosmos en perpétuelle expansion. La création du monde n'est pas achevée, et ses frontières continuent de s'élargir à l'infini.

EN PRATIQUE
Lire les ouvrages d'Hubert Reeves et de Carl Sagan, qui sont à la fois des scientifiques précautionneux et des philosophes, des vrais, qui donnent la meilleure idée possible de ce qui se passe autour de nous.
LE FEU
 « Devant une flamme, dès qu'on rêve, ce que l'on perçoit n'est rien au regard de ce qu'on imagine. »
Gaston Bachelard

Il y a quelque part au fond de notre tête une mémoire du feu, de tous les feux, ceux qui chauffent, ceux qui brûlent, ceux qui détruisent, ceux qui brillent au fond de la nuit, au fond du ciel.