J'habite au fond de
l'Allier une petite propriété qui a la particularité d'être la
première maison du village. (D'ailleurs le panneau d'entrée est
pratiquement à l'aplomb de mon portail.)
Le village est situé
en haut d'une forte côte et se présente après un gros
virage...
Petit souci, nous sommes là sur une "grosse
départementale" et même si le trafic y est très supportable,
il arrive au moins deux ou trois fois par jour que des semi-remorques
l'empruntent, déboulant largement à plus de 80 Km/h en haut de la
côte... et continuant "tranquillement" sur leur lancée à
travers l'unique rue, toute droite, du village...
Suffisamment
gênant tout de même pour que je ne risque pas la vie de mes chevaux
en traversant inopinément la route en sortant de chez moi : je
descends donc sur le bas côté en herbe hors de portée des monstres
automobiles jusqu'à la sortie du village...
Le maire, qui
tient à conserver vivants ses administrés, a donc demandé à la
préfecture de prendre des mesures pour que la prise d'assurance-vie
ne soit plus une condition préalable à l'installation durable de
nouveaux habitants...
La préfecture a bien entendu saisi la
Direction
Départementale de l'Equipement.
"On"
est donc venu sur place, "on" a fait des comptages, "on"
a rédigé un rapport, "on" a fait débloquer des fonds par
le Conseil Général, le tout a bien pris un an,
et ce matin
la DDE est venue réaliser les travaux qui permettront désormais
d'offrir un avenir radieux aux piétons de la commune inopinément
attardés sur la route..
La solution choisie (et effectivement
mise en place !) aura un impact certain sur la vitesse des camions
comme chacun pourra l'apprécier..
Tout au long de la rue (
j'ai mesuré environ 280 m.), "on" a installé au centre un
ruban de sable collé.
Autrefois, "on" peignait une
ligne sur le bitume (jaune d'abord, puis vers les années 70
blanche...) Donc, vers 8 heures "on" a débarqué
pour le chantier, et évidemment, je me trouvais aux premières loges
:
- un petit camion benne contenant du sable gravillonné, une
brouette retournée dessus... avec un chauffeur et un ouvrier
- un
fourgon contenant quelques bidons de résine et de dissolvant, un
vis-mélangeur, un petit rouleau à gazon et deux feux rouges
portatifs permettant d'emmerder les automobilistes en installant un
système de circulation alternée .... avec un chauffeur et un
ouvrier
- une camionnette ... véhiculant le chef de
chantier...
Installer les feux aux deux bouts et coller sur le
sol un double ruban d'adhésif délimitant une bande d'environ 20 cm,
sur les 280 m de la rue, a pris exactement 2 heures...
À 10
heures le chantier étant prêt, les grandes manœuvres ont pu
commencer :
- Préparer la résine au mélangeur,
-
l'étaler sur bitume entre les adhésifs avec une raclette peigne
(comme pour la colle à carrelage par exemple) (le chef de chantier
se met alors à l’œuvre sous le regard admiratif de ses quatre
arpètes statufiés...)
- laisser partiellement prendre le mélange
épandu,
- saupoudrer à la main la résine de sable gravillonné,
- rouler pour coller et tasser le ruban de sable,
- retirer
les adhésifs latéraux,
- balayer les gravillons pris d'évasion
qui ne voulaient pas rester collés à la résine...
À 13
heures tout était terminé et le convoi repartait...
Nous
avons donc aujourd'hui au milieu de la rue une bande de sable, collée
comme de la peinture, du plus beau brun clair sur le bitume noir, ce
qui est du plus bel effet...Une bande longitudinale qui ne freinerait
pas une goutte d'eau ruisselant sur la pente un jour d'orage, mais
qui est sensée, selon les experts de la DDE, réfréner les
instincts de pilote de formule 1 des chauffeurs de poids
lourds...
Pour ce chantier pharaonique (cela n'a échappé à
personne!) on aura mobilisé pendant une demi-journée trois
véhicules et cinq personnes !
Le tout financé par nos impôts
!
Outre que, dans le même temps, avec un seul arpète sachant
doser la résine, j'aurais très bien pu faire le boulot qui
n'impliquait vraiment aucune compétence particulière...
Cinq
ouvriers et 3 véhicules c'est tout de même beaucoup, là où deux
arpètes et le fourgon auraient largement suffi...
On peut
vraiment s'interroger sur l'utilité de la chose !
Un
coût exorbitant pour un résultat : nul !
Et pendant ce
temps là, faute de crédits et de personnels (disponibles !) des tas
de routes secondaires sont laissées aller à vau-l’eau
!
Saint - Plaix
Note
de
Terre Future : Si nous pouvons regretter ce que coûte à l’État des
administrations pléthoriques, dans le cas de la DDE cela devient un
mal presque acceptable : imaginons un instant le pouvoir de nuisance
de cette administration si elle était pleinement efficace ? Et bien
il ne resterait à ce jour plus aucun arbre le long de nos routes
parce que ces incapables sont possédés par la rage de l’alignement
et du bétonnage le tout sous couvert de l’idéologie puérile du
“principe de précaution” !