Certains médecins s’accrochent aux statistiques comme les ivrognes aux réverbères, non pour s’éclairer mais pour s’y soutenir !

Depuis des années on voit se développer en Amérope une phobie obsessionnelle du tabac et une persécution hystérique des fumeurs... Lesquels résistent et constituent toujours une partie non négligeable de la population !

Les médecins ont toujours eu leurs modes, leurs obsessions et des explications parfois oiseuses enveloppées dans un jargon hermétique - à défaut d’être scientifique - pour  rendre celles-ci  acceptables par un public de patients sensés - à défaut de compréhension - en être tout ébahi...

Molière, dans «Le malade imaginaire», raillait déjà «la vertu dormitive de l’opium», comme il soulignait par «justement le poumon» l’origine attribuée de tous les maux, selon « Le médecin malgré lui »...

Aujourd’hui, c’est le tabac !

De gré ou de force, avec ou sans justification sérieuse, mais avec la caution de l’OMS qui devrait pourtant s’occuper de choses plus sérieuses (si elle en est capable), le tabac est invariablement cité en tête de tous les facteurs de pathologies, même les plus invraisemblables.

Ainsi, par exemple, la foutaise du « tabagisme passif » a été dénoncée à plusieurs reprises par des pneumologues de renom dans des publications médicales particulièrement sérieuses et faisant autorité, mais cependant elles ont été aussitôt soigneusement mises sous le boisseau par la grande presse...

Pendant ce temps là, on croule sous les épandages de pesticides cancérigènes et sous les contaminations nosocomiales (l’hôpital tue trois fois plus que la route et ce n’est pas nouveau !). Drame dont on ne souffle mot, ou si peu malgré les très louables efforts d'un professeur Belpomme, hélas bien isolé parmi les mandarins médicalement corrects...

Mais, comme pour le Médiator, on ne va pas toucher à l’industrie de la chimie phytosanitaire - même sous prétexte de sécurité environnementale et humaine - qui de près ou de loin  représente une source de profits économiques au niveau national, voire mondial... On devra donc s’intéresser essentiellement à des hochets « médiatiques » (des leurres) et le tabac, bien que fort pourvoyeur de taxes, fait partie de ceux là !

L’outil essentiel invoqué, à défaut d’être judicieusement employé dans les études médicales, est la statistique qui réserve parfois quelques surprises...

Si depuis Francis Bacon on a toujours pu constater que « Les hommes préfèrent croire ce dont ils préfèrent que ce fût vrai », il faut parfois une bonne dose de manipulation pour parvenir à faire coïncider les deux... Comme le disait il y a presque un siècle Winston Churchill : « Je ne crois qu’aux statistiques que j’ai moi-même manipulées ! »

Il y a déjà quarante ans, le cours de statistiques relatif à la génétique des populations que je suivais alors, commençait par une « étude » publiée au milieu des années 60 dans une revue médicale américaine de renom : « Influence de l’appendicectomie sur le cancer du colon »… Authentique !

Un professeur de chirurgie californien ayant en effet constaté que sur 37 cas observés de cancer inopérable du côlon, 28 des patients avaient été opérés de l’appendicite, en a conclu que cette ablation était potentiellement... cancérigène ! Je ne citerai pas de nom, mais cela ne s’invente pas ! Or à l’époque, il ne s’est trouvé personne pour avoir la charité d’expliquer au dit mandarin que 28/37 représente en gros 76 %, ce qui était à peu près alors le pourcentage des opérés de l’appendicite dans la population globale californienne... L’opération de l’appendicite, aujourd’hui passée de mode, était très en vogue à l’époque, et la génération du baby boum a payé là un lourd tribut aux stakhanovistes du bistouri !

Heureusement que notre chirurgien ne s’est pas lancé dans les études de marché. Il aurait ainsi découvert que 76 % des consommateurs californiens de hamburgers étaient opérés de l’appendicite et il aurait pu de ce fait convaincre une chaîne de fast-food de favoriser cette opération pour doper ses ventes... Comme quoi, on peut faire dire n’importe quoi à un résultat statistique (et d’ailleurs des conclusions statistiques portant sur 37 cas, c’est pour le moins osé !) à partir du moment où l’échantillon est détaché de son contexte et que ses caractéristiques n’ont pas été analysées avec soin !

Visiblement rien n’a encore changé aujourd’hui et la manipulation reste en la matière toujours de rigueur! Ce qui est intéressant dans l'article qui suit, c'est la part flagrante de mauvaise foi et de propagande, érigée connaissance conclusive pseudo scientifique… De quoi faire un excellent sujet pour un exercice de bac en probabilités/statistiques avec l’énoncé suivant :« Critiquez, en vous basant sur des exemples et en énonçant les principes des méthodes statistiques que vous connaissez, le protocole expérimental exposé, la méthodologie énoncée et les conclusions évoquées, dans l'article ci-dessous. Qu’en déduire ? »

Car l’article suivant, paru sur le site JSSNews, le 20 juillet, est décidément un véritable cas d'école !

Pour la clarté de l’exposé, nous avons reproduit le texte original de l’auteur,  Niso Amzar, en italique et nos commentaires en gras !

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Israël : êtes-vous déprimé ? Arrêtez de fumer !

http://jssnews.com/2011/07/20/israel-etes-vous-deprime-arretez-de-fumer/

Par Niso Amzar

Une étude israélienne publiée aujourd’hui explique que les personnes atteintes de trouble bipolaire et de dépression sont, très souvent, des fumeurs.

La recherche, qui a été menée par le Dr Anatoly Kreinin du Centre de santé mentale dans Tirat Carmel, a également constaté que les personnes qui souffrent de trouble bipolaire ont tendance à consommer plus d’alcool et de drogues que les personnes en bonne santé mentale.

On notera qu'on ne parle déjà pas du tabac dans cette déclaration fracassante, qui sans lien, est suivie de la phrase suivante :

Les résultats de l’étude ont été publiés dans le Journal of Psychiatry. Elle a été faite sur 102 patients atteints de trouble bipolaire qui ont pu être classés dans des catégories comme “fumeurs”, “non fumeurs”, puis subdivisé en “plus de 20 cigarettes par jour”  ou encore, par exemple, “moins de 5 cigarettes par jour.” 

C’est ce qu'on appelle faire un amalgame: on rajoute brusquement aux drogues le tabac jusque là non évoqué, sans aucune justification... Et on oublie même carrément de mentionner les fameuses drogues apparemment par la suite !

Ajoutons à cela qu'il faut un certain culot pour oser parler d'analyse statistique sur un échantillon d'une centaine d'individus répartis en diverses sous-catégories dont chaque effectif n'est en sus pas précisé : une population aussi faible n'a évidemment plus aucune valeur statistique significative!

Même s’il existe effectivement des outils mathématiques (variables aléatoires et lois stochastiques) adaptés à des modélisations statistiques pour de petits effectifs, on ne saurait opérer d'analyses significatives sans une étude préalable de chacun des sujets pris en compte dans l'échantillon.

L'article fait état de 75000 sujets maniaco-dépressifs recensés sans parler des autres syndromes évoqués ! Alors traiter alors un échantillon de seulement 102 personnes n'est ni représentatif ni sérieux !

En outre, à aucun endroit de l’article on ne justifie comment et pourquoi ces 102 personnes là, spécifiquement choisies, sont effectivement représentatives de la population des 75000 sujets, ni avec quel degré de confiance.

Ajoutons enfin que primitivement on y avait distingué entre « troubles bipolaires » et « dépression »  deux catégories apparemment distinctes. Brusquement, dans le protocole décrit, la mention « dépression » disparaît... Un manque de rigueur pour le moins étrange !

L’étude a également classé les sujets en fonction de leur âge, de leurs maladies mentales, de l’intensité de leurs symptômes, de la consommation de médicaments, etc.

Les résultats montrent que 53,9% des patients malades de dépression sont des fumeurs.

Quand on sait que la variabilité biologique, admise par tous les analystes, concernant les bio-statistiques varie entre 5% et 10 %, il est clair que « l'écrasante majorité » que représenterait 53% - par exemple pour les résultats d'une consultation électorale au suffrage universel -  ne fait biologiquement nullement preuve de « majorité statistique » et n'a finalement aucune valeur significative au seuil de variabilité admis !

Notons que ce chiffre est 2.36M plus élevé que le taux de tabagisme de la société israélienne.

L’étude avance par ailleurs de 70.9% des dépressifs israéliens ont commencés à fumer avant de tomber dans la maladie mentale.

La plupart des gros fumeurs parmi les patients sont âgés de plus de 30 ans.

Dame, même dans un pays aussi « inventif » qu'Israël, on n’a pas encore réussi à incorporer de cigarettes allumées dans les tétines des biberons… Et même en commençant de bonne heure, il faut un certain nombre d’années pour pouvoir qualifier un ami de la cigarette de « gros fumeur » !

 Et l’étude met également en valeur le lien entre le tabagisme, la consommation d’alcool et de drogues.

Nous y voilà ! Une affirmation toute gratuite car « mettre en valeur le lien » est une phrase toute faite qui n’a aucune valeur de description, de rigueur ou de démonstration ! Mais, noyée dans le texte, elle peut faire illusion pour des lecteurs peu avertis s’ils n’y prennent garde ! La preuve !

Commentant l’étude, le Dr Kreinin explique que pour commencer à soigner les dépressifs, il faudrait commencer par les désintoxiquer des cigarettes, de l’alcool ou des drogues. Un programme de réadaptation complet doit être créé et impliquer des spécialistes de la toxicomanie.

On note bien le brusque retour à une distinction entre tabac et drogues, ce qui ruine d’avance l’argumentation précédente qui s’appuyait sur l’amalgame des deux puis l’oubli de l’un des deux ! Une contradiction flagrante !

Le Dr Kreinin note qu’environ 1% (environ 75000 personnes) de la population israélienne souffre d’un trouble maniaco-dépressif. Il a ajouté que, « quand ils coopèrent avec leur traitement, ils peuvent vivre une vie normale » mais « quand ils ne coopèrent pas, leurs dépendances augmentent et l’effet sur la maladie n’est que pire ».

Verbiage remarquable que cette phrase qui ne veut absolument rien dire : il est évident - au moins depuis monsieur de Lapalisse - que si on ne fait rien pour modifier quelque chose, on n’y change rien... quel que soit le domaine!

Si l’équipe israélienne ne prouve pas que la cigarette rende dépressif, [quel pitoyable aveu !] elle met tout de même en valeur qu’une grande partie des malades sont des fumeurs.

Une « grande partie » de la population « saine » est aussi composée de fumeurs!

Ceci à l'évidence ne prouve donc rigoureusement rien : on a évité soigneusement tout travail statistique rigoureux, comme de mettre en parallèle les cas recensés classés indépendamment des drogués, sur deux populations  fumeurs / non fumeurs et en extraire des échantillons de taille suffisante et comparable, disons 500 voire 1000 individus pour avoir des  effectifs représentatifs et obtenir des résultats statistiquement rigoureux et significatifs au seuil de variabilité admis.

Ce qui, avec le traitement par dossier, n’est pas un travail insurmontable ! Alors pourquoi publier ces résultats et y donner une telle publicité ? Vouloir forcer une conviction comme c’est le cas ici - voire véhiculer de la propagande - n'a jamais été encore considéré, ni en médecine ni ailleurs,  comme une preuve avérée, même enrobée dans une démonstration pseudo-scientifique d’opérette!

Un cas d’école donc, qui tendrait surtout à prouver, à tout prendre, que le tabac est un agent pathogène, ou aggravant, des plus improbables ! Ce ne doit pas être le résultat escompté !

Saint-Plaix, 28 juillet 2011