Chacun, s’il habite dans une grande ville de France, aura pu voir l’une des 2 200 affiches placardées au lieu et place des habituelles publicités plus ou moins débiles.

Une campagne contre l’abattage rituel qui ne passe évidemment pas inaperçue auprès des pouvoirs publics et des organisations communautaires. Celles-ci qui s’en offusquent parce qu’elle n’admettent et ne pratiquent la pluralité des opinions, la laïcité des croyances ou la « tolérance » que lorsqu’elles s’appliquent exclusivement à effacer les mœurs, les traditions et la culture de la France en particulier et de l’Europe en général.

Égorgé à vif sans étourdissement et dans de grandes souffrancesTel est le thème d’une campagne somme toute de salubrité publique puisqu’elle vise à informer les citoyens français qu’ils ignorent, la plupart du temps, ce qu’ils mettent réellement dans leurs assiettes… à savoir de la viande d’animaux abattus de façon rituelique par égorgement à vif et sans étourdissement préalable comme nos lois l’exigent. Une campagne qui en vérité n’a rien d’extrémiste puisqu’elle cherche un compromis raisonnable avec les nouveaux comportements, souvent dérangeants, que nous imposela communautarisation grandissante de nos sociétés.

Par communautarisation, entendons la mutation de nos mœurs au profit d’une diversité culturelle que nous n’avons ni souhaitée ni choisie et sur laquelle nous n’avons bien entendu jamais été consultés. Aucun choix en effet ne nous a été laissé et aucune votation populaire - en dépit des
soi-disant grands principes
démocratiques régissant notre monde - n’est intervenue pour  savoir si, oui ou non, les Français et les Européens acceptaient les effets prévisibles, et parfois nuisibles, d’un multiculturalisme invasif. 

L’abattage rituel est l’une de ces conséquences parmi une foultitude d’autres car il s’agit d’une pratique étrangère à nos traditions et de toute évidence objectivement cruelle allant à rebours de la sensibilité dominante chez les occidentaux majoritairement favorables de la cause animale. Ne sommes-nous pas, en France, dans le pays des « Trente millions d’Amis », une émission télévisuelle que sa vaste audience n’a pas réussi à protéger contre ses ennemis et qui de quotidienne a été aujourd’hui réduite à la portion congrue, soit deux séquences hebdomadaires ?

Dans le pays également qui vota la loi du 2 juillet 1859 portant le nom de son auteur, Jacques Delmas de Gramont, texte punissant « les personnes ayant fait subir publiquement des mauvais traitements aux animaux domestiques » ? Laquelle sera complétée par la loi du 24 avril 1951 avant que n’y soit substitué le décret n°5961051du 7 septembre 1959 sanctionnant la cruauté envers les animaux domestiques ; la loi n° 63-1143 du 19 novembre 1963 créera elle un délit d'acte de cruauté. Enfin le 10 juillet 1976 est adoptée la loi n° 76-629 relative à la protection de la nature, texte définissant l'animal comme un « être sensible ». À partir de là le statut de l’animal n’est désormais plus celui d’un « bien mobilier » comme en disposait le Code civil depuis 1804, mais celui d’un être vivant possédant à ce titre le « droit » inaliénable de ne pas être soumis à des souffrances gratuites ou inutiles. Textes qui, cela va sans dire, s’appliquent au premier chef et sans discussion possible auxanimaux de boucherie et à leurs conditions d’abattage !

Une préoccupation dont l’actualité ne doit rien à une sensiblerie toute moderne car elle est attestée depuis plusieurs millénaires dans la culture indoeuropéenne : ayons présent à l’esprit que les neuf-cents millions d’Hindous vivant aujourd’hui sont intégralement végétariens… Que ce souci des bêtes dans leur proximité avec l’homme coure également à travers notre histoire, laquelle se confond avec celle du christianisme où innombrables sont les Saints associés à un animal. L’on pense tout de suite à St Jérôme et à son Lion, à St Antoine et à son cochon, à St Roch eà son chien, pour ne pas évoquer St François et son loup… Ajoutons que pour les Chrétiens authentiques la charité à l’égard des hommes trouve son aboutissement (ou son commencement) justement dans l’amour pour nos « frères inférieurs »… Sujet sur lequel nous reviendrons plus tard tout à loisir, tant il est important et méconnu.

Or, cette tradition de protection  et de respect de l’animal, enracinée dans nos cœurs et dans notre imaginaire collectif - qu’habitent ces « archétypes » dont parlait Karl Gustav Jung - est aujourd’hui battue en brèche par des modèles culturels d’importation récente, tels l’Islam, ou plus ancienne, le Judaïsme. Religions dont l’importance et l’influence dans notre culture n’a cessé de croître ces deux derniers siècles. Il en a résulté une sourde, mais puissante remise en cause de notre fonds civilisationnel. Une dénaturation et un bouleversement de notre fonds sociétal… ou plus prosaïquement, une transformation radicale ouvertement soutenue de nos jours par le pays légal ; autrement dit par les classes dirigeantes, gauche et droite confondues, et relayée par la bureaucratie d’État, cette dernière s’efforçant par tous les moyens légaux de soumettre l’indigénat de souche aux ukases de la démocrature universelle.

Cette tendance lourde vient de se manifester une fois de plus en s’efforçant de casser une campagne dans et pour le strict respect de nos lois. Campagne d’information pourtant exemplaire dans sa modération puisqu’elle ne demande que deux choses : un étiquetage permettant au consommateur de connaître le mode d’abattage utilisé pour les produits carnés qu’il achète, par égorgement halal ou casher, ou selon la technique quasi indolore qui est la nôtre ; dans tous les cas, l’application de l’anesthésie préalable de l’animal égorgé en application des textes précités en vigueur et sans dérogation en dépit des dispositions scandaleusement discriminatoires adoptées par Bruxelles.

Mais demander l’application de la loi ou information loyale et honnête au profit du consommateur est encore trop pour une Administration apparemment hostile à l’égalité entre les citoyens lorsque celle-ci dessert des objectifs délibérément multiculturalistes ; un parti pris et une « dogmatique » pourtant féconds de conflits, présents et à venir, un facteur de tension voire de désorganisation sociale… Or, cette guerre sourde que livre la bureaucratie européiste et globaliste à la culture européenne aborigène (au sens littéral), apparaît ici en plein jour à propos de ce dossier de l’abattage rituel, plus encore que dans l’affaire du foulard islamique ultra médiatisée parce qu’elle ne concernait que la seule communauté musulmane.

Examinons maintenant le rôle joué par l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité que préside M. Dominique Baudis depuis octobre 2010, et ses manœuvres en vue de faire capoter cette campagne de réinformation des foules désinformées clientèles ordinaires de ces temples de la surconsommation que sont les « grandes surfaces ».

Haute figure de la République mondialisée, M. Baudis, cumule des mandats charnières qui le placent notamment au centre de la politique de l’Union pour la Méditerranée ; président de l’Institut du Monde Arabe, il est par ailleurs vice-président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement de l’UE et membre de la délégation à l’Assemblée parlementaire euroméditerranéenne et enfin rapporteur sur les relations entre l’UE et le Conseil de coopération du Golfe arabopersique… Brillant palmarès pour un homme dont les nombreuses fonctions transnationales le rendent à première vue peu susceptible de défendre les principes et les lois républicaines locales, celles qui font encore notre spécificité, non seulement en ce qui regarde la préservation de notre identité, mais plus encore assurent la cohésion du corps social. Pour construire la nouvelle Tour de Babel d’une Europe sans frontières, débarrassée de l’hypothèque « nationale », du passé faisons table rase ?

La ARPP donc, sous la houlette éclairée de M. Baudis, s’est employée par tous les moyens dilatoires accessibles à contrecarrer (autrement à dit à censurer) cette campagne contre l’abattage rituel, agissant de fait au détriment des citoyens de souche, mais au profit à la fois d’une communauté musulmane en pleine expansion et d’une vigoureuse communauté hébraïque très présente dans tous les secteurs clefs de l’économie, de la culture, de la politique et des médias… Mais encore, en défense de puissants intérêts économiques qui eux, moins que tout
autres, n’ont pas de patrie.


Or, que ce soit en raison du poids démographique des uns, ou en raison du pouvoir d’influence des autres, il apparaît que ces trois minorités (parmi lesquelles les groupes de pression industriels, commerciaux et financiers) ont par conséquent la capacité d’imposer à la majorité des coutumes ou des modes opératoires, aussi primitifs et régressifs soient-ils. Est-ce à dire que les communautés confessionnelles concernées -
quoique minoritaires car elles ne représentent à elles deux, en chiffres réels et non en statistiques bidons, que 10 à 15% de la population totale du pays - peuvent remettre en cause les principes généraux, juridiques, philosophiques et moraux qui fondent nos sociétés ?


À commencer d’ailleurs par le principe d’égalité des citoyens, en droits et en devoirs, devant la Loi, car la République – et c’est là un point essentiel – ce connaît pas de communautés en tant que telles, mais uniquement des individus libres et égaux en droit, seuls face à l’État. N’est-ce pas l’œuvre fondatrice de la Constituante que d’avoir fait disparaître tous les « corps intermédiaires » ?

Égalité intransigeante qui s’est traduite au début du XXe siècle – et à quel prix – par l’intégration  du principe de laïcité dans notre modèle sociétal. Une laïcité qui  à présent se révèle être à double tranchant au grand dam de l’anticatholicisme militant et pour tous les ennemis inavoués de la continuité historique et de la paix civile. Une menace pour tout ce que Jacques Chirac dénonçait dans son fameux appel de Cochin (déc.1978) comme relevant du « Parti de l’étranger ». Autrement dit la laïcité, jusqu’ici formidable instrument de déchristianisation et d’effacement de l’âme des Nations, devient carrément gênante  lorsqu’elle commence à gêner la progression d’une dissolvante communautarisation.

Dans une telle perspective, l’ARRP, en s’efforçant de bloquer la campagne relative à l’abattage rituel, visait deux choses : d’abord éviter que les Français ne prennent conscience qu’ils étaient tenus dans l’ignorance, en particulier par les médias - grand menteurs par omission - de l’importance prise en France par des pratiques d’abattage par égorgement… Mode opératoire loin d’être marginal et même en passe d’être généralisée pour des raisons économiques, à savoir la réduction des coûts de production réalisée grâce au raccourcissement des chaînes d’abattage. Mais ne s’agit-il pas uniquement de sordides rabiotages ? Mais à partir d’une telle prise de conscience les Français ne seraient-ils pas enclins à penser qu’ils sont eux-mêmes devenus des étrangers dans leur propre pays ? Dans ce cas, ceci expliquant cela, une campagne d’information contre anesthésiante est, à n’en pas douter, parfaitement indésirable.

Nos concitoyens savent-ils également que l’Union européenne est en vérité le véritable vecteur de cette révolution silencieuse et que la Commission de Bruxelles ne poursuit pas d’autre but que le démantèlement final des Nations appelées à se dissoudre dans le grand chaudron mondialiste, le melting pot, le creuset américanolâtrique du brassage planétaire, le solve et coagula médiéval, autrement dit la massification des hommes et l’atomisation des peuples ? C’est en effet une réglementation européenne qui rend licite les dérogations à l’étourdissement préalable obligatoire des animaux pour l’abattage rituel, lequel, répétons-le, est déjà en soi – au regard de nos lois - une exception et une coupable tolérance… Une « dérogation » européenne qui aujourd’hui tend à s’imposer dans la plupart des abattoirs de l’Hexagone. Ainsi, d’après une enquête menée en France par l’Œuvre des Animaux d’Abattoirs, sur 225 établissements d’équarrissage, 28% des gros bovins, 43% des veaux et 62% des ovins-caprins sont égorgés sans étourdissement par électronarcose. Cette façon de procéder se généralise à tel point en Île-de-France qu’actuellement presque 100% des bêtes destinées à la consommation générale sont égorgées à vif. Le saviez-vous ?

Pourtant la Fédération des Vétérinaires d’Europe s’est clairement prononcée contre ce type d’équarrissage en déclarant « inacceptable au regard de la protection et du respect dus aux animaux en tant qu’êtres sensibles, la pratique consistant à les abattre sans étourdissement préalable, et ce, quelles que soient les circonstances ».  On ne voit pas d’ailleurs en quoi la religion, l’Islam notamment, interdirait l’usage de l’électronarcose au demeurant totalement inconnue à l’époque de la révélation coranique. D’autant que le Coran, ou les Hadiths attribués au Prophète, condamnent de la manière la plus absolue les mauvais traitements aux animaux : «Pas de bêtes sur la terre, ni d'oiseau volant de ses deux ailes qui ne constituent des nations pareillement à vous...Et puis vers le Seigneur, ils seront rassemblés (Coran VI, 38)Celui qui tue un moineau ou un animal plus gros sans son droit devra rendre des comptes à Dieu le jour du jugement. (rapporté par an-Nassaï, n° 4349, 4445)…Craignez Dieu à propos de ces animaux muets. Montez-les de façon convenable et mangez-les de façon convenable (rapporté par Abû Dâoûd, n° 2548)…Pour (le bien fait à) tout être vivant il y aura une récompenserépondit le Prophète (rapporté par al-Bukhârî et Muslim)Le Prophète d’Allah a dit qu’il était interdit de faire attendre l’animal que l’on doit abattre . »

Alors puisque nous sommes pour l’heure condamnés, bien malgré nous, à vivre dans une société éclatée, c’est-à-dire communautarisée, si la bonne foi est également partagée entre les communautés qui la composent rien ne devrait entraver la satisfaction de ces deux dispositifs tout simples que sont l’étiquetage relatif au mode d’abattage des viandes de boucherie et l’obligation toujours et partout, sans dérogation aucune, de l’électronarcose pour la mise à mort des animaux par égorgement ; étourdissement préalable de toute façon obligatoire pour l’abattage ordinaire.

Compte tenu que la loi instituée par la majorité - fût-elle silencieuse et non tapageuse - est censée s’imposer à tous et non pas les caprices des minorités relayés ou instrumentés par de puissants intérêts commerciaux et financiers, on ne voit pas cependant ce que ces « demandes » pourraient avoir d’exorbitant… Mais c’est un fait, le Halal et le Casher représentent des parts de marché tout à fait considérables qui pèsent lourd dans les décisions des politiques. Des secteurs en pleine expansion que d’aucuns présentent dans leur jargon pharisaïque comme d’essentiels « relais de croissance » ! Le chiffre d'affaires pour le seul secteur halal en France aura été de quelque 5,5 milliards d'euros en 2010 ; en comparaison deux fois le secteur du « Bio » avec ses 2,6 petits milliards d'euros.  Des chiffres qui donnent une idée précise des enjeux en lice et des batailles qui se livrent dans l’ombre pour le contrôle de si juteux marchés… Reste qu’il serait de l’intérêt de tous qu’une transparence salutaire soit instaurée - indépendamment de toute argutie confessionnelle - dans un secteur où une rigoureuse traçabilité éviterait entre autres de multiples fraudes qui font désordre. 

Le sujet qui sera de toute évidence récurrent et les années qui viennent devraient nous dire qui l’emportera de la majorité ou des minorités actives, de l’intérêt général ou de celui des mercantis ? Reste que le pessimisme est de mise parce qu’il ne faut pas se leurrer, les classes dirigeantes françaises, à la remorque de Bruxelles, ont déjà tranché en faveur du communautariste et qu’à ce titre il prorogera les dérogations favorisant les dites communautés. M. Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieurs et des Cultes ne s’est-il pas formellement déjà engagé auprès des représentants juifs et musulmans, à ce que toute information du consommateur sur la distribution dans le circuit classique de viandes issues d’un abattage sans étourdissement reste interdite ? Un bel exemple d’arbitraire politique, autrement nommée  « discrimination positive » qui montre finalement à quel point qu’il existe des « tabous » tout puissants devant lesquels les lois deviennent subitement muettes…. Que les mécontents passe leur chemin !

Gageons enfin qu’en dépit d’une campagne qui sera passée inaperçue aux yeux du plus grand nombre, nul tapage médiatique d’importance, à l’instar de celui qui a entouré le débat sur le voile islamique, ne se déclenchera tant le consensus du silence aura été respecté. Achevons en  soulignant pour qui ne s’en serait pas encore aperçu que Laïcité et Tolérance républicaines sont résolument à voilure géométriquement variable en fonction de l’affiliation communautaire…

Bel exemple en vérité de cette Liberté chérie dont se gargarisent nos soi-disant humanistes car n’avons-nous pas là une violation flagrante de
notre liberté de choix, de cette fameuse autonomie du consentement, pivot de la pensée juridique ? Parce que l’État – ce qu’il en reste pour le pire - se fait  alors l’agent actif ou au mieux le complice – a priori dans ce cas  précis des viandes labellisées halal et casher - d’une tromperie générale. Finalement pour redevenir des sujets de droit à part entière devrons-nous, comme François Mitterrand le demandait naguère à Jean-Pierre Elkabbach, nous « convertir » afin de bénéficier à nouveau de l’attention
bienveillante des autorités très laïques de l’État dit français ?

 

Léon Camus & Firenza

 

* http://www.abattagerituel.com/news/5/63/Campagne - Œuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs - Fondation Brigitte
Bardot - Fondation Assistance aux Animaux - Protection Mondiale des Animaux de
Ferme - Conseil National de la Protection Animale - Société Nationale pour la
Défense des Animaux - Confédération Nationale des SPA de France

 


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