P1020043-168x300.jpg La cuniculture intensive (et subventionnée)* telle qu’elle existe aujourd’hui n’est pas viable sans un apport important (et coûteux) de médicaments et d’antibiotiques. Et même avec cette médicamentation massive, les taux de mortalité dans ces élevages en cages sont de 26,7 % pour les lapins d’engraissage (tués à 74 jours) et 29,1 % pour les lapines reproductrices chaque année. Les conditions d’élevage concentrationnaire n’assurent pas une bonne santé et la chair des lapins qui arrive dans notre assiette est issue d’animaux malades.

* http://www.l214.com/lapins

Une antibiothérapie culinaire de choix : mangez du lapin !

À la lecture du rapport 2007 de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), on reste pantois face aux chiffres affichés : les animaux d’élevage ont avalé pour la France 1 300 tonnes d’antibiotiques, soit 87 tonnes de plus que l’année précédente (nous ne disposons pas des chiffres de 2008). Curieux, puisque cette consommation aurait dû baisser depuis 2006, les éleveurs n’ayant plus droit légalement qu’aux antibiotiques destinés aux soins vétérinaires. Faut-il en déduire que les pauvres bêtes sont de plus en plus malades ?

Par exemple en 2007, les cochons ont englouti 8 % d’antibiotiques en plus qu’en 2006, alors que leur nombre n’a augmenté que de 0,7 %. Mais le record en la matière revient aux lapins : à eux seuls, ils ingurgitent plus de 10 % de l’ensemble des antibiotiques destinés à l’élevage industriel de tous les animaux. En clair, pour produire 1 kilo de lapin, il faut 7 fois plus d’antibiotiques que pour faire 1 kilo de porc, et 32 fois plus que pour 1 kilo de poulet… Il faut préciser que les lapins sont entassés jusqu’à 20 par mètre carré dans des clapiers, et sont passés du régime aux herbes folles et carottes aux granulés industriels, lesquels détraquent complètement leur flore intestinale. Bref, des lapins qui, pour ne pas trépasser avant terme, sont transformés en pharmacies à quatre pattes. Conseil futé (selon une recette du Canard enchaîné) : si vous contractez une maladie infectieuse, plutôt que d’aller chez le pharmacien, joignez l’utile et l’agréable : faites-vous un civet de lapin aux sulfamides, servi avec une sauce tétracycline sur fond de fluoroquinolone. N’hésitez pas à communiquer cette recette à votre « médecin-traiteur »…



Michel Dogna

Source : http://www.pratiques-de-sante.com/article/coup-de-gueule-antibiotherapie-culinaire-lapin.html?page=2