Terre Future - Bibliographie2021-06-14T21:16:03+02:00urn:md5:6bb35cadca196bcee2090a06f0ec862eDotclear180 joursurn:md5:7ab190dcd241e7fe84bb0b5b697be3a92013-11-14T20:15:00+00:00Terre FutureBibliographie
<p><img title="180-jours_reference.jpg, nov. 2013" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="" src="http://terrefuture.blog.free.fr/public/ARTICLES/.180-jours_reference_m.jpg" />C’est la durée qui s’écoule entre la naissance d’un porc et sa mise à mort à l’abattoir.</p>
<p>180 jours.</p>
<p>6 mois.</p>
<p>1/2 année.</p>
<p>180 jours, c’est aussi le nombre de jours qui vont faire basculer la vie d’un homme.</p>
<p>6 mois.</p>
<p>1/2 année.</p>
<p style="text-align: justify;">Martin est prof de philo à l’université. Bientôt la quarantaine. Plutôt sérieux, un brin réservé, un intellectuel qu’on devine de gauche modérée et ancien souffre-douleur d’ados en mal de cruauté pendant ses années lycée - ni activiste, ni particulièrement engagé, bref, à mille lieues du profil d’un militant de la cause animale tel qu’on pourrait l’imaginer. Son côté victime, il ne l’a peut-être pas bien digéré mais il l’a mis provisoirement de côté pour vivre une jolie histoire d’amour avec Elsa, une journaliste aussi séduisante qu’enjouée.</p>
<p style="text-align: justify;">Tout commence lorsque, au dîner où Martin et Elsa reçoivent Dionys Marco, le directeur du département de philosophie, et sa fille de dix-huit ans, cette dernière lâche un<em> ‘je ne mange pas d’animaux morts’</em> devant l’assiette de jambon qu’on lui tend. Evidemment, on s’en serait douté, ça jette un froid. Si la dispute qui s’en suivra et le repas manqué seront assez vite oubliés, cet événement n’en constituera pas moins l’entrée de Martin dans ce que personne ne veut voir.</p>
<p style="text-align: justify;">Est-ce parce qu’il est intrigué par cette ancienne ado braquée avec laquelle il souhaiterait se réconcilier ou bien parce qu’il pressent que le thème est porteur ? Toujours est-il que Dionys Marco décide de lancer un séminaire sur l’animal à la rentrée prochaine. Il le confie à Martin, spécialiste du pessimisme et des causes perdues, lui-même interpellé par l’épisode du dîner. En acceptant, Martin s’engage à aller visiter un élevage industriel de porcs afin de faire part de sa propre expérience auprès des étudiants. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’avec cette visite, il y a un avant et un après.</p>
<p style="text-align: justify;">Alors, certes, on a envie de se dire : un livre sur les porcs et l’abattoir, glauque et moralisateur à souhait – non merci ! Et pourtant… vous auriez tort de vous dire cela car<em> 180 jours</em> n’a rien à voir avec un manuel de propagande de la Peta, où détails sordides avoisineraient avec réquisitoires accusateurs adressés aux ‘mangeurs d’animaux’. <em>180 jours</em> n’est pas un pamphlet végétarien destiné à vous inspirer horreur et pitié. D’ailleurs, le mot même est à peine prononcé. On comprend seulement qu’au fur et à mesure des pages, la viande se fait rare dans les assiettes de ceux qui ont été parmi les bêtes.</p>
<p style="text-align: justify;">Non, <em>180 jours</em>, c’est avant tout un roman, un roman qui oscille parfois avec l’enquête sociologique, mais sans jamais rien perdre de son rythme haletant, de son phrasé qui vous percute comme vous percute de plein fouet la réalité surnaturelle des 15.000 cochons de l’élevage dans lequel nous entrons. Des animaux, ou plutôt ‘unités’ comme le veut le vocabulaire de rigueur, dont les maux envahissent l’air de leurs cris infernaux comme ils envahissent le corps de ceux qui travaillent à la porcherie et en détruisent petit à petit la chair et l’âme. Car, dans l’élevage industriel, il ne semble pas y avoir grand choix : soit partir au plus vite, se sauver, fuir cette réalité afin de se préserver, soit rester et perdre la raison, ou, pire, la capacité à <em>ressentir</em>.</p>
<p style="text-align: justify;">Fuir, c’est le choix de Camélia, un porcher que Martin rencontre et avec qui il lie d’amitié. Camélia que la porcherie dévore à petit feu, Camélia, fasciné par celle qu’il a baptisée Marina, la truie intelligente qui, sitôt ses petits nés, les a assassinés. Est-ce pour qu’ils n’aient jamais à connaître l’enfer de ces 180 jours ? L’auteur, pudique, ne le dit pas et nous laisse tout loisir d’imaginer ce que l’on voudra y voir. Camélia, cependant, est happé par cette réalité qui ne le quitte pas et qui semble par moment faire corps avec lui. Parviendra-t-il à lui échapper ?</p>
<p style="text-align: justify;">La porcherie, c’est aussi le monde qui dérange, celui qu’il faut taire. C’est la réalité que Martin veut dire, la vérité absurde qu’il voudrait voir éclater au grand jour. Pourtant, il comprendra vite qu’au dehors, les gens ne veulent pas voir, pas entendre, pas savoir – un conflit qui, tout au long du récit, le déchirera comme il déchirera son couple, partagé entre la volonté de fermer les yeux et celle d’oser regarder.</p>
<p style="text-align: justify;"><em>180 jours</em>, ce n’est donc pas un discours éculé sur les horreurs de la filière porcine. C’est même presque plus qu’un roman : c’est une exploration, une quête, un voyage initiatique de l’autre côté, ce côté monstrueux et fascinant dont on ne sort pas indemne. Au fil des mots, nous nous glissons parmi les bêtes – nos semblables. Nous les observons d’abord avec intérêt et curiosité. On se sent parfois intrusif avec ces porcs que l’on devine de plus en plus proches de nous et que l’on voit meurtris, violés, tués. Car là où Isabelle Sorente réussit un coup de maître, c’est en nous faisant comprendre, petit à petit, l’intelligence et la sensibilité de ces animaux dont les hommes usent comme des objets. Là où d’autres nous feraient un traité d’éthologie, elle laisse se développer l’empathie, doucement, presque à notre insu.</p>
<p style="text-align: justify;">180 jours, c’est le temps qu’il faut pour passer de la mise à bas à la mise à mort, mais c’est aussi un roman d’une rare force, qui vous prend aux tripes et ne vous lâche pas, un roman qui fait entendre la voix des oubliés, ceux pour qui l’on ferait bien d’ouvrir parfois un peu plus grand les yeux.</p>
<p style="text-align: justify;">J’espère que cette critique a pu vous intéresser et, qui sait, donner l’idée de lire ce livre… N’hésitez pas à me faire part de vos impressions et, si jamais vous l’avez déjà lu, de me dire ce que vous en avez pensé !</p>
<p style="text-align: justify;">Si vous voulez aller plus loin, retrouvez <a href="http://www.vegeshopper.com/2013/10/la-romanciere-isabelle-sorente.html">Isabelle Sorente interviewée par Vegeshopper</a>. De mon côté, j’en profite pour remercier Clairette qui m’a permis de découvrir ce magnifique livre !</p>
<p><em><span style="text-align: justify; font-size: 90%;">180 jours</span></em><br /><span style="text-align: justify; font-size: 90%;">Isabelle Sorente</span><br /><span style="text-align: justify; font-size: 90%;">Edition Jean-Claude Lattès</span><br /><span style="text-align: justify; font-size: 90%;">460 p., 20 €</span></p>
<p><span style="text-align: justify; font-size: 90%;">http://antigonexxi.com/author/antigonexxi/</span></p>
<p><span style="text-align: justify; font-size: 90%;"><br /></span></p> Depuis 40 ans que les agriculteurs crachent du sang et nous empoisonnent...urn:md5:0f2cbc269b8f83fd2fb11300126970ce2012-07-28T19:21:00+01:00Terre FutureBibliographie
<p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-size: 18pt;"> « <em>J’ai autrefois craché le sang à la suite de traitements chimiques avec lesquels j’empoisonnais moi-même les autres… Tout le monde sait que les produits chimiques sont cancérigènes. </em>» <br /></span></span></p>
<p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-size: 18pt;"><br /></span></span></p>
<p><span style="FONT-SIZE: 14pt"><span style="FONT-SIZE: 18pt">30 juillet 1972, 20 heures, première chaîne de télévision, le présentateur Philippe Gildas relate le premier congrès international de la défense de la Nature, tenu à Fleurance (Gers), dont le maire était alors l’illustre Maurice Mességué. Cette déclaration est celle d’un participant, agriculteur dans le Gers. Cet épisode fit l’objet d’une note produite par Henri Siriez, administrateur civil du Service de la protection des végétaux.<br /><br />Un cas récent, celui de Yannick Chenet : http://www.prg-poitou-charentes.org/mort-dun-agriculteur-les-pesticides-pointes-du-doigt/<br /><br />400 000 tonnes de produits chimiques sont utilisées chaque année par l’agriculture en Europe.<br /><br />1970-2012 : silence radio assourdissant, omerta, marginalisation des agriculteurs atteints, désinformation, publicité, média-mensonges, chantage au nombre de bouches à nourrir, alibi des ravageurs des cultures… Difficile de ne pas y voir un complot !<br /><br />Pour tout savoir de ce complot contre la terre et la santé publique, j'ai longuement enquêté. Le résultat est un livre aux conclusions si effarantes que la plupart des médias rechignent à le relayer. Normal, ils sont du complot.<br /><br />L’AGROTERRORISME DANS NOS ASSIETTES<br />Michel Tarrier, 256 pages, Éditions LME<img title="517yXcoEs3L__SS500_.jpg, juil. 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="" src="http://terrefuture.blog.free.fr/public/.517yXcoEs3L__SS500__m.jpg" /><br /><br /></span></span></p> Merci la Terreurn:md5:3f58d89cfea64aa0c4c8b9b1e8fa0e152012-04-06T09:36:00+01:00Terre FutureBibliographie
<p><span style="FONT-SIZE: 10.5pt"><span style="FONT-FAMILY: Calibri"><img title="41ZXVcytPpL__SL500_AA300_.jpg, avr. 2012" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="" src="http://terrefuture.blog.free.fr/public/41ZXVcytPpL__SL500_AA300_.jpg" /><em>« Merci la Terre » Epitomé de l’Ecologie. Un livre fut écrit en 1989 à la demande du ministère de l’Environnement et destiné aux enfants..</em>.<!--?xml:namespace prefix =" ""o" ns =" ""urn:schemas-microsoft-com:office:office" /--></span></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; font-weight: bold;" class="MsoNormal">Préface</p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><em><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: #8d8d8d; mso-bidi-font-family: WarnockPro-SemiboldIt"> </span></em></p>
Nous nous appelons les hommes
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><em><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-LightItCapt"> </span></em></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><em><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-LightItCapt">« Homme : C’est un être sentant, réfléchissant, pensant, qui se promène librement sur la surface de la Terre, qui paraît être à la tête de tous les autres animaux sur lesquels il domine,</span></em></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><em><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-LightItCapt">qui vit en société, qui a inventé des sciences et des arts… »</span></em></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular">Diderot</span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><em><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-LightItCapt"> </span></em></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><em><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-LightItCapt">« La philosophie est chose trop sérieuse pour qu’on la laisse aux philosophes. »</span></em></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular">Arthur Koestler</span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular"> </span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular">Nous sommes bipèdes, nous sommes mammifères, nous n’avons ni ailes, ni nageoires, nous sommes plus de sept milliards. Nous nous appelons les hommes.</span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular"> </span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular">Nous habitons une planète que nous appelons Terre, une planète qui abrite un curieux phénomène : la vie.</span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular"> </span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular">Une planète que nous voyons de moins en moins, enfermés que nous sommes dans nos appartements, nos villes, nos voitures, notre univers aménagé par nos techniques.</span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular"> </span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular">Mais, de l’autre côté de la vitre de la maison humaine, la planète est là, immense, silencieuse, obéissant aux forces gigantesques qui régissent la matière dans l’univers. (Pensons au film </span><em><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-ItCapt">Melancholia</span></em><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular"> de Lars von Trier…) Nous avons l’impression d’être l’espèce vivante la plus évoluée. Nous avons tendance à croire que la planète nous appartient. Nous allons jusqu’à dire que la planète est en danger. La planète n’est pas en danger. C’est l’humanité qui s’est mise en danger.</span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular"> </span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; COLOR: black; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular">Nous traitons toutes les autres espèces vivantes et la nature elle-même comme si elles étaient notre propriété.</span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular"> </span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular">Mais nous sommes arrivés au point où, par notre inventivité, notre industrie, par notre nombre, nous commençons de perturber le fonctionnement de la nature et de la vie. Nous le mettons en péril.</span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular"> </span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular">Alors il faut regarder avec de nouveaux yeux. Non pas avec ceux des premiers hommes, qui craignaient la nature, mais avec ceux de notre époque, comme des hommes qui progressent dans le domaine de la connaissance, mais doivent encore acquérir la sagesse.</span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular"> </span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular">Il faut savoir qu’aucune structure démocratique, ni même politique classique, ni même une dictature ne résistera au chaos entraîné par un changement climatique soudain, ou un accident nucléaire de grande ampleur. L’un et l’autre sont possibles à très court terme.</span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular"> </span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular">Nous devons admettre que nous entrons dans l’âge écologique, que nous le voulions ou pas. Depuis quarante ans, il faut constater que le seul progrès philosophique, moral, politique, social résulte de la réflexion écologique. On cherche quel autre progrès se serait produit.</span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular">Les vieilles étiquettes politiques – libérales, socialistes, de droite ou de gauche ou des extrêmes – deviennent secondaires.</span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular"> </span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: Calibri; mso-bidi-font-family: WarnockPro-Regular">Nous sommes tous écologistes ou bien nous disparaîtrons</span></p>
<span style="FONT-FAMILY: Calibri">
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"><br />LE COMMENCEMENT DU MONDE<br /><br /> « <em>L'homme est désespéré de faire partie d'un monde infini, où il compte pour zéro.</em> »<br />Ernest Renan<br /><br />On aurait aimé assister au début du monde. A supposer que l'on ait pu trouver un coin tranquille où s'asseoir, avec un bon point de vue.<br />Quel spectacle ce devait être.</p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal"> </p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal">C'était il y a quelque vingt milliards d'années. D'abord, il y eut le Big-Bang. Le Big-Bang, c'est le nom donné par les scientifiques à l'explosion qui marqua le début de notre univers. Mais peut-être fut-il silencieux, parce qu'avant, on ne sait ce qu'il y avait, en tout cas ni temps ni espace. Ce fut sans doute mouvementé, brûlant, glacé, confus. Puis la matière commença de se répandre dans l'espace.</p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal">Des milliards d'années passèrent. Des galaxies naquirent, plus de cent milliards. On désigne la nôtre sous le nom de Voie Lactée. A l'intérieur de ces galaxies, des groupes d'étoiles, comme notre système solaire, dont la Terre n'est qu'une petite planète…<br />Les mots et les chiffres ne peuvent décrire cet univers en plein bouillonnement, en gigantesque effervescence d'avant l'homme. Le solide et le liquide, le clair et l'obscur, le haut et le bas, la droite et la gauche s'organisèrent.</p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal">Par ici les habitants de l'eau et ceux de l'air. Il est étonnant de voir aujourd'hui comment tous ceux qui racontèrent ou décrivirent les premières explications du monde eurent une perception étonnante de ces phénomènes que la science contemporaine vient seulement de nous expliquer avec un peu plus d'exactitude.</p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal">Comme ci ces hommes avaient conservé la mémoire des événements. Comme si chaque atome de la matière qui les composait, et nous compose encore, avait conservé la mémoire des débuts du monde et la leur avait restituée.</p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal">Parce que depuis le Big-Bang, c'est toujours la même « chaire sidérale », les mêmes atomes qui servent et réservent, et nous composent encore en ce moment.</p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal">La vision de l'univers des premiers hommes était plus domestique, plus confinée à ce qu'ils pouvaient voir, coincés qu'ils étaient entre un ciel bas, piqueté d'étoiles, et une terre plate dont ils ne soupçonnaient pas la rotondité. Deux astres prodigieux tournaient autour d'eux : la lune et le soleil. Et ils savaient déjà que le soleil fécondait la terre et y rendait la vie possible. Leur vision du monde devait être fabuleuse parce qu'ils touchaient le mystère tout autour d'eux, à bout de bras.</p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal">Aujourd'hui, la science a démesurément agrandi l'univers. A tel point que nous n'en percevons plus les limites. Nous nous y sentons perdus. Contrairement à ce qu'affirmaient les traditions anciennes, nous découvrons que nous ne sommes pas au centre du monde…</p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0" class="MsoNormal">L'univers nous paraît toujours aussi mystérieux, même si des sondes, des satellites ont été lancés dans l'espace pour photographier des planètes si lointaines — à notre échelle — qu'ils mettent plusieurs années à les atteindre.<br /><br />La Voie lactée a la forme d'un disque, et rassemble au moins 100 milliards d'étoiles. A l'œil nu, nous pouvons en voir 3 000.<br /><br />C'est en 1859, avec la publication de « L'Origine des espèces », que Charles Darwin met fin au mythe de la création du monde en 4004 avant Jésus-Christ.<br /><br />A LA REFLEXION<br />L'univers nous est incroyable, parce qu'immense. Ses limites, que l'on a déjà du mal à imaginer, se repoussent sans cesse. La Terre flotte dans un cosmos en perpétuelle expansion. La création du monde n'est pas achevée, et ses frontières continuent de s'élargir à l'infini.<br /><br />EN PRATIQUE<br />Lire les ouvrages d'Hubert Reeves et de Carl Sagan, qui sont à la fois des scientifiques précautionneux et des philosophes, des vrais, qui donnent la meilleure idée possible de ce qui se passe autour de nous.<br style="mso-special-character: line-break"><span style="FONT-FAMILY: Calibri">LE FEU<br /> « <em>Devant une flamme, dès qu'on rêve, ce que l'on perçoit n'est rien au regard de ce qu'on imagine</em>. »<br />Gaston Bachelard<br /><br />Il y a quelque part au fond de notre tête une mémoire du feu, de tous les feux, ceux qui chauffent, ceux qui brûlent, ceux qui détruisent, ceux qui brillent au fond de la nuit, au fond du ciel.</span></p>
</span> Les guerres de l'eauurn:md5:8b2ea6a04f374f44a0ede4f1873303972011-12-20T12:51:00+00:00Terre FutureBibliographie
<p style="FONT-STYLE: normal; MARGIN-TOP: 0.49cm; MARGIN-BOTTOM: 0cm" align="justify"><strong><img title="sans-titre.png, août 2011" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="" src="http://terrefuture.blog.free.fr/public/blowup-images/sans-titre.png" />L'eau en Asie du Sud : confrontation ou coopération ? </strong></p>
<p style="MARGIN-TOP: 0.49cm; MARGIN-BOTTOM: 0cm" align="justify"><strong>Préface de Xavier de Villepin*</strong></p>
<p style="MARGIN-TOP: 0.49cm; MARGIN-BOTTOM: 0cm" align="justify">Les services américains de renseignement (<em>National Intelligence Council</em>) viennent de publier les grandes tendances globales pour 2025. Pour eux, à cette époque, le monde sera multipolaire. Les Etats-Unis resteront à la première place mais d’autres puissances apparaîtront comme la Chine, l’Inde et la Russie, n’ayant peut-être pas la volonté de partager des responsabilités sur des sujets comme le terrorisme ou la prolifération.</p>
<p style="MARGIN-TOP: 0.49cm; MARGIN-BOTTOM: 0cm" align="justify">Ce nouveau monde émergent sera probablement moins homogène. Les questions de climat, d’énergie et de rareté des ressources deviendront primordiales. Les changements climatiques compliqueront encore l’accès à l’eau et aux produits agricoles. Les défis et menaces grandiront particulièrement dans la zone Irak, Iran, Afghanistan, Pakistan. L’Organisation mondiale de la santé estime que 900 millions de personnes ne disposeraient pas d’eau potable. Dans les statistiques, l’Afrique au sud du Sahara est mal placée mais le problème de l’eau et de l’assainissement touche aussi largement l’Asie.</p>
<p style="MARGIN-TOP: 0.49cm; MARGIN-BOTTOM: 0cm" align="justify">Dans son livre <em>L’eau en Asie du Sud : confrontation ou coopération ?</em>, le général Alain Lamballe nous éclaire sur le sujet grâce à sa connaissance profonde du terrain et à une documentation collectée depuis 1965. Saint-Cyrien, docteur en sociologie politique, diplômé en hindi et ourdou de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales, il fait partie d’Asie 21, équipe de chercheurs rattachée au groupe Futuribles. Ancien attaché militaire en Inde, au Népal, au Pakistan, au Sri Lanka et aux Maldives, il a dirigé le séminaire Asie du Sud au Collège interarmées de défense.</p>
<p style="MARGIN-TOP: 0.49cm; MARGIN-BOTTOM: 0cm" align="justify">Dans un livre précédent, <em>Insurrections et terrorisme en Asie du Sud</em>, le général Lamballe dans sa sagesse nous a prévenus. « Les terroristes quels qu’ils puissent être, hindous, musulmans ou chrétiens, n’ont aucun scrupule. Leur imagination ne connaît aucune limite. A l’avenir de nouvelles formes dévastatrices d’attaque peuvent apparaître comme la destruction de grands barrages, d’usines chimiques et pharmaceutiques et de centrales nucléaires. Les cours d’eau et les aliments pourraient être contaminés. Sur les mers qui bordent l’Asie du Sud, des attaques contre des bateaux dangereux, comme des pétroliers géants, pourraient être menées à l’avenir par des organisations terroristes et causer des dommages humains et environnementaux énormes sur les côtes ». Après ce qui vient de se passer à Mumbai, en Inde, en direct sur les télévisions du monde, personne ne peut douter de la qualité, hélas, de cette conclusion.</p>
<p style="MARGIN-TOP: 0.49cm; MARGIN-BOTTOM: 0cm" align="justify">Il faut donc lire et écouter le général Alain Lamballe. Je le fais par amitié mais aussi par souci de comprendre ce monde violent, dangereux, différent de nos intuitions. </p>
<p style="MARGIN-TOP: 0.49cm; MARGIN-BOTTOM: 0cm" align="justify">Dans son honnêteté d’officier, dans sa simplicité et sa modestie d’homme, l’auteur ne cherche pas à nous faire peur où à placer en exergue le sensationnel. Il cherche à analyser et faire comprendre avec prudence l’avenir. Je le cite encore avec admiration. « Des émeutes de l’eau se sont produites ici et là sans gravité jusqu’à présent. Elles n’en sont pas moins inquiétantes car elles constituent peut-être des signes prémonitoires … Des heurts entre communautés tribales ont eu lieu au Rajasthan en 2007 … Des pénuries d’eau ont frappé plusieurs années de suite … Les riches paysans ont alors mobilisé des hommes de main pour détourner le peu d’eau disponible au profit de leurs champs. La force a été utilisée pour empêcher les paysans pauvres de réagir. La colère gronde dans les périodes de pénurie. Les conditions sont réunies pour que les tensions dégénèrent. Des protestations violentes pourraient devenir plus fréquentes dans les campagnes comme dans les villes ».</p>
<p style="MARGIN-TOP: 0.49cm; MARGIN-BOTTOM: 0cm" align="justify">*Sénateur honoraire, Ancien président de la Commission des Affaires Etrangères, de la Défense et des Forces Armées.</p>
<p style="MARGIN-TOP: 0.49cm; MARGIN-BOTTOM: 0cm" align="justify">L'Asie du Sud bénéficie d'un gigantesque château d'eau constitué par le plateau tibétain et la chaîne himalayenne et d'un autre plus modeste au Deccan. Mais la répartition des ressources hydrauliques est très inégale. L'accroissement démographique, l'urbanisation, le développement de l'irrigation et l'industrialisation engendrent des besoins en eau de plus en plus grands. Parce qu'elle est surabondante ou rare et parfois polluée, l'eau tue plus que les accidents, les insurrections et les guerres. En Inde comme au Pakistan, les gouvernements ont bien du mal à apaiser de vives tensions entre les provinces et au sein de celles-ci.</p>
<p style="MARGIN-TOP: 0.49cm; MARGIN-BOTTOM: 0cm" align="justify">A ces différends internes s'ajoutent des litiges internationaux car les grands fleuves Indus, Gange, Brahmapoutre et leurs affluents traversent plusieurs pays. Des accords bilatéraux ont été conclus par l'Inde avec ses voisins, le Pakistan et le Bangladesh, pays aval, le Népal et le Bhoutan, pays amont, mais ils sont parfois remis en question. Une approche régionale s'impose, incluant la Chine d'où sont originaires l'Indus et le Brahmapoutre et des affluents du Gange.</p>
<p style="MARGIN-TOP: 0.49cm; MARGIN-BOTTOM: 0cm" align="justify"><em>Saint-Cyrien, docteur en sociologie politique, diplômé en hindi et ourdou de l'Institut national des langues et civilisations orientales, le général (cadre de réserve) Alain Lamballe fait partie d’Asie 21, équipe de chercheurs rattachée au groupe Futuribles. Il a été attaché militaire en Inde, au Népal, au Pakistan, au Sri Lanka et aux Maldives et a dirigé le séminaire Asie du Sud au Collège interarmées de défense. II s'intéresse particulièrement aux problèmes conflictuels dont ceux qui concernent l'eau. Il est l'auteur de deux ouvrages, </em>Le problème tamoul à Sri Lanka (L'Harmattan, 1985) <em>et </em>Insurrections et terrorisme en Asie du Sud (éditions es-stratégies, 2008) <em>ainsi que de nombreux articles sur l’Asie du Sud.</em></p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0cm;" align="justify">Illustration de couverture : Barrage de Talakalale, près des chutes de Jogg (<em>Jogg falls</em>), sur la rivière Sharavathi, dans l'Etat du Karnataka (Inde).</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0cm;" align="justify"><a href="http://terrefuture.blog.free.fr/public/blowup-images/Publications_diverses.pdf">Publications_diverses.pdf</a></p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0cm;" align="justify"><a href="http://terrefuture.blog.free.fr/public/blowup-images/Publications_sur_l__eau.pdf">Publications_sur_l__eau.pdf</a></p> LA NÉCESSITÉ D’UNE ÉCOLOGIE RADICALE d'Anne Frémaux.urn:md5:5ac42d7203b016484a8c1a484e6725b62011-12-09T07:47:00+00:00Terre FutureBibliographie
<p style="margin-right: 1.27cm; margin-bottom: 0.49cm;" align="JUSTIFY"><img title="_cid_3406212388_1018945.jpg, déc. 2011" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="" src="http://terrefuture.blog.free.fr/public/blowup-images/_cid_3406212388_1018945.jpg" /><strong>Anne
Frémaux est
agrégée de philosophie, titulaire d’un DEA et d’un diplôme de
l’École Supérieure de Commerce. Elle a un parcours atypique :
après avoir été dans les services marketing d’entreprises
multinationales, elle se consacre à<br />l’enseignement de la
philosophie. Engagée dans les milieux associatifs, elle a été
porte-parole des« Verts » de Grenoble.</strong></p>
<p style="margin-right: 1.27cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY"><strong><br /></strong></p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY"><strong>«
La grande transformation écologique » </strong>
</p>
<p style="margin-bottom: 0.42cm;" align="JUSTIFY"><br />Un
livre qui a pour ambition de dresser un diagnostic sur l’état de
notre civilisation, diagnostic que résume le concept de « crise de
la modernité ». En effet, loin d’être un symptôme isolé ou une
crise parmi d’autres, la crise écologique que nous traversons
aujourd’hui apparaît comme le dernier soubresaut d’une crise
plus profonde, celle de la civilisation qui est née à la
Renaissance et dont le maître-mot emprunté à Descartes, « se
rendre comme maître et possesseur de la nature », traduit le rêve
prométhéen. Notre société du pétrole bon marché et de l’<em>hubris</em>
consumériste est en train de passer son apogée. Aussi, la
perspective d’effondrement qui guette notre civilisation et, avec
elle, la planète toute entière, appelle par son caractère global
et dramatique inédit, des solutions nouvelles et radicales
(conformément à l’étymologie du mot « radical », c’est-à-dire
« qui prend les choses à la racine »). C’est en effet à une
révolution de nos modes de penser, d’être et de désirer que doit
nous conduire un tel constat. La difficulté tient au fait que si le
drame est bel et bien en train de se jouer, nous, qui en sommes les
auteurs, n’en voyons pas encore les effets. Comment dès lors se
mettre en mouvement ? Que faire ? Et par où commencer ? De nouvelles
manières d’envisager notre rapport au monde, à nous même ainsi
qu’aux autres, doivent cependant émerger afin de prévenir le
pire. C’est paradoxalement de la <em>nécessité</em> de changer que
viendra notre <em>liberté</em> ou encore notre émancipation à
l’égard d’un modèle résolument aliénant. Cette émancipation
se jouera sur trois lieux distincts : celui de la subjectivité (fin
de <em>l’homo æconomicus</em>), celui du social et du politique
(critique de l’expertocratie et de « l’oligarchisme démocratique
» qui nous mènent à l’écofascisme) et enfin, celui de
l’anthropologie (critique de l’humanisme anthropocentré).
L’écologie radicale que nous appelons de nos vœux est en effet le
moteur d’un changement révolutionnaire de notre société ou
encore un projet de libération systémique.</p>
<p style="margin-right: 1.27cm; margin-bottom: 0.49cm;" align="JUSTIFY"><strong> <br /></strong></p>
<p style="margin-right: 1.27cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY"><strong>Crise
écologique et crise de la modernité ...
la crise écologique
vient de loin ! </strong>
</p>
<p style="margin-bottom: 0.42cm" align="JUSTIFY"><strong>«
Le temps du monde fini commence » Paul Valéry[1] </strong>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT">L‘homme
occidental du XXIe siècle est en train de faire une découverte
historique sans précédent. Après quatre siècles de développement
scientifique visant à réaliser le projet cartésien d’une nature
entièrement « maîtrisée » et « possédée », capable de
satisfaire des besoins devenus illimités, il est confronté à la
figure d’un « nouveau monde », celle d’un monde fini et revêche
à sa propre exploitation, disposant de ressources limitées et de
capacités de renouvellement réduites. Celui-ci, en effet, résiste
à l’idéal d’une croissance infinie, à l’idéologie « folle
» propre au siècle dernier, d’une société de consommation et de
gaspillage fondée sur la production, l’accumulation et la
destruction systématique et illimitée des biens. <br /><br />L’écologie,
comme préoccupation singulière, comme « souci du milieu de vie »,
n’apparaît que lorsque les problèmes sont déjà préoccupants,
lorsque l’activité humaine a déjà détruit ou perturbé
durablement le milieu ambiant. Aussi, les sociétés traditionnelles
ne connaissent-elles pas le concept d’écologie, ni dans sa forme
scientifique (c’est-à-dire l’étude des milieux naturels), ni
dans sa forme politique (aménagement, gestion de l’habitat
humain). Il n’y a pas d’écologie chez les peuples dont
l’activité sur le milieu est négligeable. Pourquoi y en aurait-il
? Les ressources naturelles paraissent alors infinies et les
ponctions sont à telles point mineures que l’écosystème peut
absorber, sans dommages, les effets de l’action humaine. Les
premières grandes manifestations politiques du souci écologique
(dans les années 60) correspondent donc à la prise de conscience
des altérations quasi irréversibles que nos industries ont
produites sur l’environnement. Les destructions n’ont fait que
s’accélérer depuis, au point que l’on parle aujourd’hui de «
défi écologique » pour manifester l’extraordinaire difficulté
qui se présente à nous.<br /><br />La crise écologique, événement
historique s’il en est, est justement l’occasion d’une remise
en question individuelle et collective, psychologique et
anthropologique[2] totale. C’est bien en effet la question de la
civilisation et, <em>a contrario</em>, de l’éventualité de la
barbarie qui est en jeu dans l’écologie : quelle société
voulons-nous pour demain ? Qu’est-ce que signifie pour nous « bien
vivre » ? Nous savons, même si nous ne l’admettons pas encore,
que notre mode de vie actuel est sans avenir, que nos sociétés
industrialisées vivent du pillage de la nature, de l’emprunt
irréversible fait sur des ressources limitées et de la destruction
des capacités auto-régénératives de la planète. Autrement dit,
notre monde est mort, même si certaines tentatives, comme le
capitalisme vert ou l’éco-croissance, tentent de nous faire croire
qu’il est encore un « monde possible »<strong><br /></strong></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT"><strong><br /></strong></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT"><strong>La
</strong><em><strong>crise</strong></em><strong> du monde moderne<br /></strong><br />Dire que le
monde moderne subit une crise signifie qu’il est parvenu à un
point critique : ce point culminant qu’Hippocrate nommait, au sujet
de la maladie, l’<em>apex</em>, le sommet, le moment fatidique et
irréversible au terme duquel le patient peut guérir ou trépasser.
Le verbe grec <em>krinein</em> a en effet deux significations :
choisir, distinguer ainsi que décider au sens juridique. Lors d’un
conflit ou d’une rupture d’équilibre, caractéristique des
situations critiques, il faut alors choisir, décider quelle solution
sera favorable ou défavorable afin de mettre en œuvre un changement
décisif. <br /><br />Ce moment « critique », cette fracture
irréversible dans le <em>continuum</em> « normal », indique qu’une
transformation plus ou moins profonde, un changement d’orientation
doit se produire pour engendrer quelque chose de nouveau. La crise
est en cela un moment charnière qui rompt la normalité et appelle
de nouvelles opportunités. On ne sait pas à l’avance ce qui
naîtra de la crise écologique ; c’est une épreuve dont l’issue
est incertaine et qui, comme toute épreuve, est accompagnée de
souffrances. Moment de perturbation dans un système jusqu’alors
apparemment stable, la crise amène avec elle son lot d’incertitudes
et d’aléas. Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’elle
nécessite une réponse radicale et profonde. <br /><br />Les crises
économiques à répétition que nous subissons depuis plus de trente
ans ainsi que la dégradation écologique quasi irréversible amorcée
depuis les années 60-70, ne sont que les effets engendrés d’une
crise bien plus profonde : celle du modèle économique et
anthropologique qui prône l’accumulation illimitée des profits,
l’exploitation totale des ressources et la privatisation de tous
les espaces collectifs comme seul et unique objectif. Les limites
économiques (mais pas écologiques) d’un tel système ont déjà
été admirablement décrites par Marx dès le XIXe siècle :
concentration du capital (création de monopoles, aggravation des
inégalités…), crise des débouchés (crise de surproduction),
aliénation économique et anthropologique des travailleurs
contraints de louer leur force de travail ou encore de « se vendre
»… Contrairement à ce que prétendent les défenseurs de
l’idéologie libérale qui tiennent le plus souvent un discours
résigné face à des phénomènes qui leur échapperaient (la
fameuse « mondialisation »), les facteurs contribuant à la
situation actuelle, comme la dérégulation des échanges qui
favorise les plus « compétitifs » ou encore les moins-disant «
socialement » et « écologiquement », n’ont rien d’une
fatalité : ils sont eux-mêmes issus de choix idéologiques d’ordre
économique et politique ou encore d’un véritable volontarisme du
« laisser faire ». Chômage, misère et crise écologique ne
tombent pas du ciel mais sont bel et bien engendrés par cette
politique économique qui fait de la marchandisation et de la
privatisation totale des êtres, des services d’intérêt général
(éducation, santé, transports…) comme des biens communs (air,
eau, paysages…) le seul but digne d’être poursuivi. Et ce n’est
pas la prétendu « moralisation » d’un système économique
étranger, par nature, à la morale[3] qui changera la donne. Pour
que les choses changent, il faut un nouveau projet politique
semblable à celui qui avait animé les promoteurs du Conseil
national de la résistante (CNR) en 1945 ou les tenants du socialisme
originel au XIXe s. Aussi c’est à la revivification du projet
politique qu’il nous faudra nous atteler en redéfinissant les buts
que doit poursuivre l’économie dans une société soucieuse de
justice sociale et consciente des limites écologiques auxquelles
elle doit s’adapter.<br /><br />Mais plus que cela, l’enjeu de notre
propos sera de montrer que la crise écologique est le symptôme
révélateur, peut-être ultime, d’une crise bien plus fondamentale
: la crise du modèle anthropologique occidental et de sa conception
d’un « progrès » humain porté exclusivement par la science ou
plutôt, aujourd’hui, par la techno-science (alliance peu
progressiste en réalité de technologies innovantes mises au service
du marché). Selon cette hypothèse, la « crise écologique »
serait le <em>point d’arrivée</em> de la situation éminemment
critique du monde moderne. Elle confirmerait, avec les conséquences
dramatiques et peut-être ultimes qui l’accompagnent, que notre
vision anthropocentriste du monde (c’est-à-dire considérant
l’homme comme le centre de tout) et notre goût pour la démesure
sont inappropriées voire funestes pour l’avenir de l’humanité.
En ce sens, notre humanisme proclamé qui refuse de conférer valeur
et sens à ce qui n’est pas l’homme risque bien de se retourner
contre lui-même. L’être humain, malgré ses rêves insensés
d’indépendance et de toute puissance, appartient en effet à une
totalité dont il ne peut s’abstraire. A ce titre, la nature, le «
Tiers-exclu », selon l’expression de Michel Serres, doit revenir
au centre de nos préoccupations après quelques siècles
d’occultation. C’est à la construction d’une nouvelle
civilisation ne cédant plus à la vision étriquée d’une nature
séparée de l’homme et chosifiée (la nature conçue comme «
simple chose étendue » dépourvue de valeur), qu’il nous faut dès
à présent nous atteler.<strong><br /></strong></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT"><strong><br /></strong></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT"><strong>La
crise, une occasion manquée ?<br /><br /></strong>« Là où croît le danger
croît aussi ce qui sauve » disait Hölderlin. Pourtant, malgré la
succession des crises économiques, des rapports alarmants sur l’état
de la planète (désertification, raréfaction des ressources…) ou
des catastrophes écologiques, y compris dans le monde développé,
comme l’ouragan <em>Katrina </em>ou la récente marée noire qui ont
touché la Louisiane, rien ne change. Comment expliquer une telle
inertie ? Faudra-t-il attendre que l’Ouest des Etats-unis
redevienne un immense désert de sable ou que les ouragans fassent
leur apparition en Europe pour que les pays développés se décident
enfin à agir ?<br /><br />La crise économique que nous traversons –
la plus importante depuis 1929 – pourrait pourtant constituer une
occasion inespérée pour changer de modèle. Celui, tant vanté ces
vingt dernières années, d’un capitalisme débridé porteur de
richesses a en effet volé en éclats. On ne pourra plus soutenir,
sans susciter doutes et perplexité, que le marché peut à lui seul
résoudre les problèmes de l’humanité ou encore qu’il suffirait
de déréguler, de laisser les arbitraires individuels s’affronter
« librement », pour que soient résolus les problèmes que ce même
laisser-faire contribue plus que largement à créer. Aujourd’hui,
le masque est tombé. L’idéologie que l’on appelle, à tort, «
néolibérale » (dans la mesure où le libéralisme est une théorie
politique opposée aux conservatismes et aux privilèges[4]) est
sérieusement décrédibilisée. La crise économique comme la crise
écologique appellent un renouveau radical des mécanismes
producteurs de richesses, des pratiques mentales individuelles et
collectives comme des formes d’expression démocratique.
<br /><br />Pourtant, force est de constater, après la crise financière
de 2008, que tout a continué comme avant : les Etats ont socialisé
les pertes en renflouant les banques prédatrices sans leur demander
de gages[5] ; de nouvelles bulles financières enflent, notamment sur
le marché des droits à polluer ; les gouvernements, sous la
pression de l’opinion publique, font semblant de s’en prendre aux
paradis fiscaux pour ne pas remettre en question les fondements
sacrés de l’édifice : libre circulation des capitaux et des
marchandises, pouvoir des actionnaires, spéculation pourtant
dépourvue d’utilité sociale…Loin de la transformation radicale
du monde de la finance que l’on aurait pu attendre, nous assistons
au contraire à des mesures homéopathiques destinées à rendre le
capitalisme financier…plus durable encore.<br /><br />Comme remède à
la crise écologique, on nous propose le capitalisme vert. Or
celui-ci n’est pas de nature à nous rassurer. La « croissance
verte » se fonde sur une vague d’innovations technologiques
censées résoudre la crise climatique et économique en créant de
l’emploi. Or, non seulement la volonté politique pour assurer de
tels investissements est résolument absente mais de plus, rien ne se
produisant à partir de rien, la production de biens aussi « verts »
puissent-ils paraître, risque <em>au mieux</em> de déplacer les
problèmes (la voiture électrique pose ainsi le problème de la
production et du recyclage « écologique » des batteries), <em>au
pire</em>, d’aggraver les choses en donnant l’illusion d’être
une solution. Nous ne pensons pas, en effet, et cela en raison de la
nature même du capitalisme qui se définit par l’accumulation du
capital (le « toujours plus ») et la généralisation des rapports
marchands à toutes les sphères de la société, qu’un tel système
soit capable de répondre aux défis sociaux et écologiques qui se
posent à notre XXIe s. Fondé sur la recherche permanente du profit,
on voit mal comment un tel système pourrait s’imposer des limites
dans l’usage des ressources et la quantité de biens produits alors
que ceux-ci constituent le soubassement de son fonctionnement. Le
capitalisme a certes montré, dans l’après-guerre, qu’il était
capable de faire des concessions sociales (<em>new deal </em>de
Roosevelt et application du Keynésianisme), concessions mises à bas
par la révolution ultra-libérale des années 1980-90. Mais
aujourd’hui le problème n’est plus uniquement celui de la
<em>re-distribution</em> des richesses, il est aussi celui de leur
<em>disparition</em> (si nous entendons le terme « richesse » cette
fois au sens de « richesses naturelles »): au problème social du
<em>niveau</em> de vie s’ajoute celui, écologique, des <em>conditions</em>
de vie des populations existantes et des conditions de survie de
celles qui sont à venir.<br /><br />Aussi, si la mise en place d’un «
new deal vert »[6] qui régulerait, dans une certaine mesure, les
dérives du capitalisme actuel, nous semble de loin préférable à
l’idéologie ultra-libérale qui dirige aujourd’hui la majorité
des pays développés (y compris ceux qui sont gouvernés à gauche),
il nous semble cependant insuffisant pour résoudre la crise
écologique dont les pays riches sont responsables. Malgré son
appellation négative, ou peut-être même <em>en raison</em> de son
appellation négative qui l’empêche d’être récupérée par le
capitalisme vert, la <em>décroissance</em> nous apparaît ainsi comme
le seul horizon capable de rompre avec la logique capitaliste de
l’accumulation indéfinie et le projet moderne d’illimitation
promu par la science moderne. Les véritables utopistes ne sont en
effet pas ceux qui prônent la réduction drastique de notre
consommation mais ceux qui nous font croire que celle-ci peut croître
à l’infini. Il y a, de ce fait, quelque chose de frappant à voir,
à lire et à entendre, à longueur d’émissions de télévision,
de radio ou de colonnes de journaux, les promoteurs du « toujours
plus », de la « croissance infinie » qualifier de « doux rêveurs
» ou de « dangereux extrémistes » ceux qui défendent un modèle
de société plus soucieux des ressources ou encore des « réalités
matérielles » de la planète sur laquelle nous vivons.<strong><br /></strong></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT"><strong><br /></strong></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT"><strong>Liberté
des modernes et </strong><em><strong>hubris </strong></em><strong>en question<br /></strong><br />Benjamin
Constant, dans son célèbre essai de 1819, <em>De la liberté des
anciens comparée à celle des modernes</em>, développait
l’opposition entre les formes modernes et antiques de démocratie.
Celle des anciens consistait dans une participation active des
citoyens (démocratie directe) et dans une importance primordiale
accordée à la Cité sur l’individu. Celui-ci devait se sacrifier
à l’ensemble auquel il appartenait et ne devait son statut quasi
substantiel de « citoyen » qu’à cette appartenance. En résumé
: hors de la cité politique, point de salut. C’est la raison pour
laquelle Socrate, par exemple, condamné à mort, refusa de fuir la
Cité athénienne et de contrevenir à ses lois. A l’opposé de
cela, la liberté des modernes met au centre l’individu et ses «
plaisirs privés » auxquels il peut se consacrer grâce à la
représentation politique, chargée de défendre ses intérêts et de
lui ôter la contrainte de l’exercice politique (démocratie
indirecte). La liberté moderne n’est donc plus la capacité
d’exercer sa souveraineté mais bien plutôt celle d’épanouir
son individualité, au détriment, si nécessaire, de la collectivité
à laquelle l’individu appartient. Cette nouvelle conception de la
liberté s’exprime dans l’inflation des « droits de » ou «
droits à » et dans cette formule célèbre de la déclaration
française des droits de l’homme selon laquelle « la liberté
consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas autrui »[7] ,
liberté purement négative qui consiste uniquement à s’abstenir
de nuire à autrui. Immanquablement, une telle conception qui ne
définit aucun vivre ensemble et aucun intérêt général (pourtant
nécessaire à la réalisation de la véritable autonomie), conduit à
la confrontation des arbitraires individuels ou encore à l’absence
de civisme que nous déplorons aujourd’hui. Chacun réclame pour
lui-même l’absoluité d’une liberté qu’il ne saurait voir
entravée sans réticence ; chacun attend des lois qu’elles
affectent au minimum ses choix de vie et ses envies. Une telle
conception peut-elle perdurer dans un monde que l’on découvre de
toutes parts fini et qui doit, de ce fait, irrémédiablement réguler
le pouvoir de consommer de chacun ? La notion de « bien commun »
qu’il faudrait préserver s’accorde-t-elle avec l’idéologie
qui promeut la liberté infinie de chacun ? <br />Le libéralisme
économique, idéologie fondée sur la possibilité, théoriquement
donnée à chacun, de « maximiser ses avantages » et de favoriser
ses intérêts particuliers, est certes séduisante car elle fait de
chaque individu « un empire dans un empire ». Cependant, la prise
en compte des contraintes écologiques exige que soit repensée la
liberté individuelle et sa place dans l’édifice des valeurs, à
l’aune des nouveaux enjeux que nous avons à affronter. C’est une
idée certes difficile à admettre pour nous qui sommes les héritiers
d’un individualisme prétendument affranchi de toute limite mais
qui finalement, se réduit, dans le nouveau régime ultra-libéral, à
la possibilité de consommer pour ceux qui en ont les moyens et
d’investir pour ceux qui détiennent des capitaux. C’est cette
conception libérale qui a été l’alliée décisive du capitalisme
dans son projet funeste de croissance illimitée. Projet « funeste
», en effet, tant d’un point de vue social et « civilisationnel »
qu’écologique : augmentation des inégalités entre pays du nord
et pays du sud mais aussi au sein des pays riches eux-mêmes,
réduction de l’être humain occidental à une simple « machine
désirante », « consumation » de notre niche écologique…Voici
quelles en sont les conséquences inévitables.<br /><br />Depuis les
années 80-90 et la chute du mur de Berlin, le libéralisme s’est
en effet transformé en ultra-libéralisme planétaire, idéologie
dévastatrice qui s’appuie sur la « gouvernance », c’est-à-dire
la gestion commune par les oligarchies politiques et financières, du
destin de l’humanité. Autrefois, l’Etat pouvait disposer d’une
relative indépendance par rapport au capital. L’ultra libéralisme
s’appuie aujourd’hui sur la force coercitive des gouvernements
pour imposer, à tous les échelons de la société, la logique des
marchés et de l’accumulation illimitée du capital. C’est là
l’œuvre de ce que Félix Guattari appelle le Capitalisme Mondial
Intégré (C.M.I.), c’est-à-dire «l’imperium d’un marché
mondial qui lamine les systèmes particuliers de valeur, qui place
sur un même plan d’équivalence : les biens matériels, les biens
culturels, les sites naturels, etc. » et auquel s’adjoint un
système de domination « qui place l’ensemble des relations
sociales et des relations internationales sous l’emprise des
machines policières et militaires. »[8] Cette idéologie
incontestée qui ne rencontre guère d’opposition organisée et qui
diffuse sa propagande grâce aux supports médiatiques acquis par les
grands groupes financiers, orchestre une dégradation des conditions
de vie à tous les niveaux: au <em>niveau économique</em>, les
organismes internationaux (FMI, OMC, commission européenne…)
imposent une dérégulation et une privatisation des services
publics, destinée à favoriser l’accumulation des profits pour un
petit nombre ; au <em>niveau politique</em>, le soutien actif des
gouvernements aux marchés entraîne une régression démocratique ou
encore une scission entre la souveraineté théoriquement populaire
et l’exercice réel du pouvoir, un grand nombre d’élus étant
quasiment acquis à la cause des marchés ; au <em>niveau social</em>,
les tensions et les inégalités économiques engendrées par cette
idéologie nécessitent un fort contrôle des populations et une
focalisation de plus en plus inquiétante sur l’enjeu de la
sécurité (thème qui a comme corollaires, comme nous le voyons fort
bien aujourd’hui, le choix de victimes expiatoires et la montée en
puissance d’archaïsmes conservateurs inquiétants). La logique de
maximisation des intérêts individuels impose en effet que l’Etat
devienne de plus en plus contraignant, pour ne pas dire « policier
», afin de faire tenir ensemble des personnes ayant perdu le sens de
leur existence collective (quand cette dérive politique ne relève
pas du simple calcul…). En effet, au <em>niveau individuel</em>, le
CMI promeut les pulsions d’avidité, l’individualisme et le
cynisme qui hypothèquent lourdement les conditions du « vivre
ensemble ». Comme le dit J.-C. Michéa, « l’unique forme de
liberté qu’un libéral tient pour réellement universalisable,
[c’est] celle du consommateur « cool », « hype » et « nomade »
dressé à désirer tout et son contraire, au gré des exigences
toujours changeantes du marché mondial.»[9] <br /><br />Cette «
logique libérale » signifie tout bonnement la fin du politique
compris comme construction d’un vivre-ensemble collectif et
délibéré : chacun est renvoyé, en tant que consommateur ou
entrepreneur, à sa liberté souveraine et à l’institution de sa
propre norme, à sa capacité infinie de posséder davantage que les
autres et à l’affranchissement à l’égard de toute contrainte
qu’elle fût d’ordre moral, social ou écologique. Au niveau
politique, elle signe la fin de l’indépendance de nos gouvernants
vis à vis de l’ordre économique. Bien qu’elle soit partout en
crise (au niveau économique, écologique et social), cette idéologie
continue d’être défendue avec force par le monde médiatique et
politique. Partout, les dirigeants occidentaux (y compris
socialistes) appliquent la formule selon laquelle « il faut soigner
le mal par le mal » et saisissent l’occasion de la crise de ce
système pour en imposer les rouages avec davantage de fermeté :
rigueur, dérégulations, démantèlement des services publics et de
la protection sociale. Le peuple est sommé de payer la note
économique des spéculateurs comme il sera bientôt sommé de payer,
par le biais de taxes et de restrictions en tous genres, la note
écologique d’une logique si profondément prédatrice.
<br /><br />Cependant, si ce modèle continue d’être défendu, ce
n’est pas seulement en raison du manque d’imagination de nos
dirigeants ou de leur collusion éventuelle avec le monde financier.
C’est aussi parce que l’imaginaire capitaliste et sa force
symbolique (comme croissance illimitée et culture de la
consommation) est si profondément ancré en chacun de nous que sa
remise en question relèverait, aux yeux de la majorité, de
l’hérésie pure et simple. L’écologie, en ce sens, est
<em>subversive</em>. Comme l’écrit Cornelius Castoriadis, «elle met
en question l’imaginaire capitaliste qui domine la planète. Elle
en récuse le motif central, selon lequel notre destin est
d’augmenter sans cesse la production et la consommation. Elle
montre l’impact catastrophique de la logique capitaliste sur
l’environnement naturel et sur la vie des êtres humains. »[10]
<br /><br />C’est donc cet imaginaire qui doit aujourd’hui être
remis en question, non seulement en raison d’impératifs
écologiques mais aussi en raison d’impératifs de civilisation :
quel est l’avenir d’une société qui s’est fixé comme ultime
visée la consommation <em>pour</em> la consommation, sans aucune
considération de l’utilité sociale d’un tel projet ?</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT"><strong><br /></strong></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT"><strong>Un
monde sans sujets<br /></strong><br />Comment imaginer pourtant occasion plus
rêvée que celle que nous offre la crise écologique et la crise
économique actuelles pour prendre conscience des effets délétères
du modèle qui se perpétue sous nos yeux. Economistes et
scientifiques de bonne foi multiplient les signaux d’alerte, nous
mettent en garde contre les conséquences désastreuses générées
par la prolongation d’un tel système. Nous savons mieux que les
générations précédentes ce qui nous attend si nous ne faisons
rien. Cependant, comme le dit Jean-Pierre Dupuy, « nous ne croyons
pas ce que nous savons ». Il nous arrive d’ailleurs parfois de
dire, d’un air agacé « Je sais, je sais !» à propos de sujets
dont, justement, nous n’aimerions pas apprendre davantage. C’est
alors au nom d’un prétendu savoir que nous préférons nous
réfugier dans l’ignorance. Il en va de même pour la crise
écologique : chacun sait, « je sais, tu sais, nous savons », mais,
en réalité, peu sont ceux qui croient véritablement à la gravité
de la situation. <br /><br />L’une des causes de cette inertie relève
du « décalage prométhéen » (du Dieu Prométhée, qui voulut
concurrencer les dieux de l’Olympe) entre notre pouvoir et notre
imagination, ou plus exactement, entre notre faculté de sentir et
nos capacités d’action[11] : C’est sans doute un tel constat que
faisait Einstein lorsqu’il affirmait que « ce qui caractérise
notre époque, c’est la profusion des moyens et la confusion des
fins.» Nous sommes ainsi incapables d’imaginer la portée de nos
actes, de ressentir, par empathie, l’ampleur des souffrances que
nous causons aux populations et aux catégories exploitées ou des
maux que nous causons d’ores et déjà aux générations futures.
C’est donc tout d’abord à une véritable prise de conscience des
conséquences de nos comportements que doit s’adosser la
transformation anthropologique qui s’impose.<br /><br />Une autre cause
d’inertie provient du fait que nous ne nous sentons pas capable
d’agir. La crise semble dépasser notre domaine de compétence : «
que voulez-vous que j’y fasse ?! » De là, la tendance, commode, à
nous en remettre aux experts scientifiques qui finiront bien par
trouver « quelque chose », ou à nos représentants qui, après
tout, (professionnalisation de la politique oblige), « sont payés
pour cela ». La tâche semble trop complexe et trop lourde pour que
nous nous sentions capable de la prendre individuellement en charge.
Et puis de toute façon, quoique nous fassions, les initiatives
populaires reçoivent quasiment toujours comme réponse une fin de
non-recevoir de la part des politiques. « Ce n’est pas la rue qui
gouverne » avait dit l’un de nos premiers ministres. Ne se sentant
pas « acteur », agent de cette crise, l’individu ne s’en sent
pas non plus « responsable ». De l’irresponsabilité à
l’indifférence, il n’y a alors qu’un pas.<br /><br />La prise en
charge de l’avenir ne pourra s’effectuer qu’en luttant contre
toutes les formes d’aliénation dont nous sommes aujourd’hui
victimes et dont la première de toutes consiste justement dans la
croyance profondément enracinée en notre impuissance. Cette
croyance est largement entretenue par la <em>doxa </em>politique qui
fait aussi souvent référence que possible au caractère «
inexorable », « inéluctable » des événements que nous vivons
ou, dans un autre registre, au caractère évidemment trop complexe
des solutions à envisager pour le commun des mortels. Or, c’est
par la prise en compte de notre capacité de changement, par la mise
en œuvre de nouvelles pratiques sociales émancipatrices dans tous
les domaines de l’existence, que pourra s’effectuer la
transformation requise: dans notre travail, dans notre vie
quotidienne, dans l’exercice de notre démocratie et dans la
construction même de notre subjectivité. Autant de processus de
libération qu’il nous faut dès à présent mettre en œuvre pour
conquérir notre autonomie. Le Sujet en tant que tel n’apparaît
toujours qu’en rébellion contre les agencements sociaux et les
déterminismes qui le contrôlent<em>. </em>Il est toujours<em>, comme
le disait Alain Touraine, un mauvais sujet, rebelle au pouvoir et à
la règle, à la société comme appareil total. </em>Son acte
fondateur est en effet la rébellion contre ce que la société lui
fait faire ou subir[12] . <br /><br />C’est donc contre l’«
existence instrumentalisée » qu’il nous faut lutter, contre le
conformisme doux que nous impose la société marchande et contre la
passivité à laquelle nous invitent nos décideurs. Il ne faut plus
« nous abandonner » à nos activités, mais au contraire les
prendre en charge et leur donner du sens, les vivre dans la lumière
de la conscience. Si la pensée écologique peut nous conduire à
l’autonomie, à la résistance contre toute forme d’aliénation,
c’est avant tout parce qu’elle met en avant le pouvoir du sujet,
paradoxalement destitué par notre modernité libérale : c’est de
lui que proviendra la réponse à la crise, et certainement pas des
experts ou des technocrates qui ont patiemment tissé la toile dans
laquelle nous sommes aujourd’hui tous pris.<br /><br />Le «
libéralisme » dans sa forme actuelle enferme en effet doublement
les individus. Tout d’abord, dans sa forme politique, il organise
le « despotisme doux » en transférant le pouvoir des citoyens à
de nouvelles oligarchies (lobbies, représentants politiques ou
structures administratives), en les dépossédant ainsi de leur
pouvoir de décision. Ensuite, dans sa forme économique, il
entretient l’illusion d’une liberté illimitée des consommateurs
qui se révèle, à l’analyse, n’être qu’une liberté, voire
une « obligation » de consommer. Dans les deux cas, nous sommes
confrontés à une véritable délégation de pouvoir qui remet en
question l’autonomie réelle (et non simplement proclamée) des
individus. N’oublions pas à ce titre que l’autonomie des
individus, sur laquelle sont fondées nos démocraties, rappelle par
son origine étymologique (<em>auto-nomos</em>) la capacité de se
donner à soi-même ses propres lois. L’écologie philosophique,
nous ne pourrons l’éviter, nous amènera ainsi à repenser l’idée
de démocratie: « une société démocratique est une société
autonome » (C. Castoriadis), c’est-à-dire une société adulte,
responsable et délivrée des caprices infantiles qui sont
aujourd’hui entretenus par la société de consommation.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT"><strong><br /></strong></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT"><strong>La
crise de l’humanisme moderne : écologie et philosophie.<br /></strong><br />Quel
rapport l’écologie peut-elle entretenir avec la philosophie ? A
l’heure où l’on parle d’écologie à tout va, où l’on
utilise ce concept sans discernement et sans précaution comme un
argument de vente ou comme un nouvel ornement de la pensée «
politiquement correcte » (« éco-emballage », « éco-industrie »,
« voiture écologique » et même « écologie de l’amour »), le
travail du philosophe consiste justement à re-définir ce qu’un
galvaudage intempestif, un badinage frivole et intéressé a laissé
se perdre. Ainsi le concept d’écologie recouvre t-il vaguement
l’idée de quelque chose de « bon pour la santé » (le bio),
voire même pour l’esprit (« l’écologie de l’esprit »),
quelque chose d’« humaniste », de « progressiste.» En bref,
l’écologie, c’est « hype », c’est « tendance ». Le bio et
l’écologie ont le vent en poupe. Faisons donc dans l’écologie !
Après « l’entreprise citoyenne », haut lieu de participation
démocratique et garante, bien sûr (…), du bien-être de ses
salariés, on nous fait maintenant le coup de l’entreprise «
éco-responsable » : IBM, Microsoft, HP, Google, etc. Toutes les
grosses multinationales affichent leur label bio car elles ont fort
bien compris que l’écologie allait devenir un élément essentiel
de communication et de marketing du IIIe millénaire. Récupéré par
l’industrie ou le business du bien-être, ce concept « porteur »
nous laisse songeur. On ne peut qu’être édifié par le cynisme
d’un système qui recycle en son sein le mal qu’il nourrit et qui
cherche encore, jusqu’à ce que mort s’ensuive, à en tirer
profit. La philosophie, à ce titre, comme entreprise de
clarification des concepts, doit s’attaquer au concept d’écologie
et analyser, sous ce thème, les liens que l’homme entretient avec
la nature.<br /><br />Si la philosophie est à même d’éclairer le
concept <em>d’écologie</em>, elle n’a pas pour autant vocation à
proposer une nouvelle science de la nature : elle ne peut que donner
du sens à la conception scientifique de <em>l’écosystème</em> et
critiquer le réductionnisme scientifique qui a mécanisé la nature,
au risque d’oublier la vie et le mouvement (le caractère
processuel) qui sont en elle. La philosophie n’a pas non plus pour
ambition d’expliquer comment mieux « gérer » nos espaces
naturels, ni même comment produire différemment. De nombreux
ouvrages techniques très bien écrits servent parfaitement cette
cause. La philosophie nous permet de penser notre vie « moderne »,
d’en analyser les sources et les dérives et, éventuellement, de
faire entrevoir la possibilité d’une « nouvelle modernité ». La
philosophie de l’écologie, pour ce faire, doit être capable de
remettre en question le dogme dualiste (séparation nature-culture)
qui fait de l’homme un être à part dans le monde, ou encore, «
un empire dans un empire», outrepassant les limites de sa propre
condition. <br /><br />Mais la philosophie écologique doit aussi se
méfier de la tentation <em>naturaliste</em> qui consiste à percevoir
dans la nature des valeurs morales ou esthétiques objectives qu’il
faudrait respecter voire imiter (comme certains « écolos » qui
idéalisent la nature au point de nous dire qu’il faudrait la «
suivre » ou se conformer à de préceptes). A ce titre, la nature
est une véritable « auberge espagnole » : on n’y trouve bien
souvent que les valeurs que l’on y a soi-même apportées. On
pourra y voir de la beauté comme de la laideur, de l’harmonie
comme de la violence…En réalité, l’homme seul est prescripteur,
donateur de valeurs : c’est lui qui choisit celles qu’il veut
respecter ; la nature, elle, ne peut pas s’exprimer sur ce point,
contrairement à l’usage qu’en fait le naturalisme.<br /><br />Penser
l’écologie philosophiquement n’ira donc pas sans instruire le
procès d’une certaine philosophie occidentale, qu’elle soit
anthropocentriste (plaçant l’homme au centre) ou naturaliste
(plaçant la nature au centre). Si la philosophie s’avère
indispensable pour fonder une pensée écologique, l’écologie,
quant à elle, s’avère le plus sûr moyen de faire le procès de
ces deux réductionnismes philosophiques.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT"><strong><br /></strong></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT"><strong>Une nouvelle
philosophie de la nature<br /></strong><br />Nous avons besoin d’un nouveau
système d’idées permettant de voir le monde, de structurer le
réel ou encore de nous procurer une « vision du monde ». Le réel
prend forme, existe, dès lors qu’il y a des mots pour le nommer.
Or où sont-ils, les nouveaux « écologues », les nouveaux penseurs
de l’écologie ? Il faut à ce titre noter l’hostilité avouée
des intellectuels français à l’encontre du « péril écologiste
» : l’accusation confuse d’anti-modernisme ne vient pas
seulement de Luc Ferry et de son ouvrage emblématique (de la bêtise
d’un certain milieu intellectuel, rationaliste et pseudo humaniste
?), <em>Le nouvel ordre écologique</em> mais également de
personnalités aussi respectables que Marcel Gauchet (« Sous l’amour
de la nature, la haine des hommes », <em>Le Débat</em>, n°60, 1990)
ou encore François Dagognet (auteur de <em>Nature</em>, 1990),
signataire, avec Pierre Bourdieu, Umberto Eco, Eugène Ionesco, Henri
Laborit et tant d’autres de l’appel de Heidelberg à la veille du
sommet de Rio de 1992, manifeste dans lequel les 200 personnalités
signataires (parmi lesquelles, d'ailleurs, fort peu de véritables
spécialistes de l'écologie), affirmaient que «l'humanité a
toujours progressé en mettant la nature à son service, et non
l'inverse» et déclaraient s’inquiéter de «l'émergence d'une
idéologie irrationnelle opposée au progrès scientifique et
industriel [qui] nuit au développement économique et social. » On
s’est aperçu par la suite que de grands groupes industriels
avaient œuvré pour susciter cet appel. Cette mobilisation contre la
pensée écologiste (dénoncée comme « anti-moderne » et «
anti-humaniste ») s’est alors produite sans qu’ait eu lieu de
véritable débat entre des positions contradictoires.<br /><br />En
décembre 2006, Télérama publiait un n° spécial écologie avec
pour titre « Ecologie : le silence des intellectuels français.» Si
la France est aussi silencieuse au sujet de l’écologie,
contrairement aux pays anglo-saxons ou même à l’Allemagne, c’est
en grande partie en raison de sa tradition philosophique dualiste
humaniste, qui fait de l’homme un être à part dans le monde.
Comme le disait Spinoza, « Il semble […] qu'ils conçoivent
l'homme dans la Nature comme un empire dans un empire.» C’est la
représentation de soi, anthropocentrée et clivée du sujet moderne
qui se trouve ici visée. Nous devons impérativement nous engager
dans une nouvelle définition de la place de l’homme au sein de son
milieu, ou encore dans une nouvelle philosophie de la nature[13] qui
montrerait que celle-ci doit sinon « respectée », du moins être
considérée avec attention. L’homme n’est pas « un empire dans
un empire.» Il fait partie intégrante de cette nature que des
siècles d’anthropocentrisme ont tâché de dénigrer. <br /><br />La
nature, contrairement à ce que véhicule la pensée académique,
n’est en effet pas un objet vide qui ne donnerait rien à penser et
auquel, conformément au projet moderniste, il conviendrait de
s’arracher en totalité. La crise écologique, liée à
l’antinaturalisme de notre civilisation, ne saurait être résolue
tant que nous nous refuserons à penser philosophiquement la nature
ainsi que notre propre naturalité. Il en va de même d’autres
sujets, tout autant sources de perplexité pour nos contemporains que
la crise écologique, comme la question du genre sexuel[14], de la
culture <em>cyborg</em> qui prône le dépassement de l’humain
(posthumanisme)[15] ou encore des problèmes éthiques posés par les
progrès des biotechnologies : « ce qui est interrogé chaque fois,
c’est un certain rapport à ce qui est traditionnellement subsumé
sous le terme de nature (le corps, le vivant en général,
l’environnement, etc. )»[16] C’est donc à la position
constructiviste qui récuse comme illusoire l’existence d’une
nature (à l’extérieur comme à l’intérieur de nous) «
possédant une réalité autonome et capable d’auto-affirmation
spontanée, par rapport à laquelle les pratiques humaines et les
activités sociales doivent se situer »[17] qu’une philosophie de
la nature devrait s’attaquer, réaffirmant par là-même
l’existence de la nature comme le co-engendrement constant du
naturel et de l’artificiel. <strong><br /></strong></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT"><strong><br /></strong></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT"><strong>Plan de l’ouvrage<br /></strong><br />La
philosophie de l’écologie revêt ainsi une dimension globale :
elle réunit<strong>, </strong>sous la prise en compte des relations de l’homme
à la nature, à la fois la question du malaise social né de formes
de vie de plus en plus aliénantes (liées à la structure du monde
social) et celle d’un écosystème de plus en plus menacé dans ses
capacités auto-régénératrices. Les deux approches, l’une
concernant l’environnement social et l’autre, l’«
environnement naturel » de l’homme, ne peuvent être dissociées.
L’environnement naturel est aujourd’hui traversé de part en part
par la culture. On ne peut plus penser la nature et la société
séparément : c’est la fin de ce que l’on a appelé « le grand
partage ». De là l’aberration que constituerait le fait de
rechercher, comme le font certains écologistes « naïfs », une
nature « originelle », celle-ci ne pouvant relever que du pur
fantasme. La « crise écologique » émerge des perturbations
produites par ce co-engendrement et par le devenir naturel de
certains produits artificiels (pesticides, nitrates, déchets, fumées
d’usine…) qui échappent à notre maîtrise[18]. En ce sens, le
malaise du monde social et de l’écosystème peuvent être perçus
comme les symptômes réciproques d’une même crise : la crise de
l’humanisme dualiste moderne.<br /><br />Ce que nous proposons dès
lors, c’est une écologie radicale, « radicale » au sens de Marx,
c’est-à-dire une réponse écologique qui ne se contente pas de
soigner les symptômes là où ils apparaissent mais qui prend
véritablement les problèmes à la racine. Celle-ci lutte donc sur
trois terrains distincts et complémentaires.<br /><br />1) Sur le
terrain économique, elle entend s’attaquer au mythe de la
Croissance et à toutes les tentatives de récupération de l’enjeu
écologique par le système productiviste actuel : « green business
», « green washing », etc. Elle entend ainsi remplacer l’écologie
de la croissance, qui se veut modestement réformiste et « réaliste
» (en réalité totalement idéaliste), par une écologie
anti-productiviste de la <em>Décroissance</em>.<br /><br />2) Sur le
terrain de la politique, elle entend s’attaquer à la construction
représentative de la démocratie qui masque un « despotisme doux »
empêchant les citoyens de participer aux affaires publiques
(notamment dans le domaine des résolutions écologiques), mais aussi
à la récupération de l’écologie par un pouvoir risquant de
dériver en « écofascisme » technocratique. Elle entend remplacer
ce système par un « écosocialisme » fondé sur le pouvoir, la
participation et la délibération de citoyens libérés des
contraintes productivistes de la société marchande, système qui
serait seul porteur d’une authentique <em>Autonomie</em>.<br /><br />3)
Enfin, sur le terrain philosophique, elle entend s’attaquer au
modèle humaniste qui fonde notre société moderne : modèle
dualiste qui sépare l’homme de la nature pour mieux lui permettre
de la dominer et de l’exploiter comme une « ressource ». Le
paradigme de cette exploitation étant <em>l’animal </em>et le mythe
philosophique de son infériorité, destiné à légitimer son
exploitation par l’homme. L’écologie radicale entend donc
remettre en question cette exploitation « banalisée » et montrer
que l’humanisme ne pourra consacrer un réel <em>respect de l’homme
</em>qu’endécentrant sa perspective morale vers un nouvel
<em>humanisme écocentré.</em></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;" align="LEFT"><br /><strong>Economie, Politique,
Philosophie : en abordant tous ces domaines, l’Ecologie proposée
se veut résolument critique et systématique.</strong></p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="LEFT"><strong><br /></strong></p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="LEFT"><strong>NOTES</strong><br /><br />[1]R<em>egards
sur le monde actuel </em>(1945)<br /><br />[2]Anthropologique signifie ici
et dans le reste de l’ouvrage, non pas étude d’un peuple
particulier mais « caractéristiques philosophiques de l’homme »
bien qu’au final, ce soit bien celles d’un homme particulier que
nous étudions ici : l’homme occidental moderne.<br /><br />[3]Le
capitalisme est, en ce sens, non pas immoral mais <em>a-moral</em>.<br /><br />[4]Sur
le plan politique, le libéralisme classique, qui émerge au XVIe
siècle, se présentait comme une force progressiste et
révolutionnaire puisqu’il remettait en question l’absolutisme
politique et religieux. Les libéraux, défenseurs des libertés
publiques et placés dans la partie gauche de l’hémicycle,
s’opposaient aux monarchistes conservateurs placés à
droite.<br /><br />[5]L’Etat français, par exemple, a injecté fin
2008 dix milliards d’euros dans les principales banques françaises
sans réclamer de droits de vote dans les conseils d’administration
ni de plus-values lors du remboursement des fonds avancés (prêts à
taux 0…) En définitive, les règles de gestion n’ont pas été
changées et les banques ont pu reprendre leur routine
spéculative…<br /><br />[6]Ainsi que le promeuvent le parti des Verts
par exemple, mais aussi de nombreux environnementalistes comme
Nicolas Hulot, Joseph Stiglitz ou Paul Krugman, etc. Voir pour
l’exposé de ce <em>new deal</em> vert et de ses limites, l’excellent
livre de Thomas Coutrot, <em>Jalons vers un monde possible</em>, Le
bord de l’eau, 2010.<br /><br />[7]Article IV- Formule que résume le
proverbe « la liberté des uns s’arrête où commence celle des
autres »<br /><br />[8]<em>Les trois écologies</em>, Paris, Galilée,
1989, pp.14-17<br /><br />[9]Jean-Claude Michéa, <em>La double pensée</em>,
Paris, Flammarion, 2008, p.46<br /><br />[10]« L’écologie contre les
marchands », in <em>Une société à la dérive</em>, Parsi, Seuil,
2005 (posthume) p.237<br /><br />[11]Pour une analyse de cette
dégradation de la faculté de sentir, voir le livre de Jean-Claude
Besson Girard, <em>Decrescendo cantabile</em>, Lyon, Parangon,
2005<br /><br />[12]« C’est le geste du refus, de la résistance, qui
crée le sujet. C’est la capacité plus limitée de se décaler par
rapport à ses propres rôles sociaux, la non-appartenance et le
besoin de contester qui font vivre chacun de nous comme sujet. »
<em>Critique de la Modernité</em>, Paris, Fayard, p.1992,
p.318<br /><br />[13]Parmi les rares intellectuels français à s’être
lancés dans cette entreprise, citons Catherine et Raphaël Larrère
et notamment leur éclairant ouvrage, <em>Du bon usage de la nature.
Pour une philosophie de l’environnement</em>, Paris, Flammarion,
Coll. « Champs essais », 2009<br /><br />[14]Voir à ce sujet Judith
Butler, <em>Gender Trouble. Feminism and the subversion of Identity</em>,
Londres/New York Routledge, 1990 ; Trad. Franc. <em>Trouble dans le
genre</em>, Paris, La Découverte, 2005<br /><br />[15]Voir l’ouvrage de
Jean-Marie Besnier qui décrit avec une emphase particulière la «
révolution posthumaine » en cours, <em>Demain les posthumains. Le
futur a-t-il encore besoin de nous</em> ?, Paris, Hachette, Coll. «
Haute Tension », 2009<br /><br />[16]Stéphane Haber, <em>Critique de
l’antinaturalisme. Etudes sur Foucault, Butler, Habermas</em>,
Paris, Puf, 2006 , p.10<br /><br />[17]Ibid. p.4<br /><br />[18]Catherine et
Raphael Larrère, dans <em>Du bon usage de la nature</em>, Paris,
Flammarion, Collection « Champs », 2009 parlent à ce sujet de «
technonature »: « il n’y a pas de technosphère mais une
technonature qui comprend nos œuvres : celles que nous construisons
avec les processus naturels, et celle qui nous quittent et dont le
devenir échappe à notre maintenance. » (p.10)</p> « Bio, fausses promesses et vrai marketing » !urn:md5:51b6c366ced883bccd1e08b6e2eabbbe2011-03-25T19:12:00+00:00Terre FutureBibliographie
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<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;"><img title="article_bio.jpg, mar. 2011" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="" src="http://terrefuture.blog.free.fr/public/blowup-images/.article_bio_m.jpg" />Le productivisme agricole est de
plus en plus reconnu coupable tant de la destruction des milieux naturels que
de pollutions chimiques incontrôlées. En conséquence de quoi des interrogations
naissent à propos de l’indépendance des autorités scientifiques qui décident de
la mise sur le marché des pesticides et des adjuvants alimentaires chimiques
dont la toxicité est pourtant avérée mais dont les effets
« indésirables » sont la plupart du temps occultés, voire délibérément
niés comme le dénonce sans relâche, avec rigueur et talent, Marie Monique Robin
dans ses livres et ses films documentaires.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">C’est pourquoi de bons esprits
acquis aux groupes de pression« productivistes »
se lèvent périodiquement pour défendre les « acquis » de la
révolution verte<span style=""> </span>et vilipender avec
plus ou moins de rigueur et de succès les tenants l’agriculture dite biologique
qui a de plus en plus la faveur du public et de certains agriculteurs lassés de
travailler pour les trusts. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Sous le titre quelque peu
tapageur : « Bio, fausses promesses et vrai marketing »<span style=""> </span>Gil Rivière-Berkstein se livre à une attaque
en règle de la labellisation « bio ». </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Mais nous ne saurions le blâmer
radicalement d’enfoncer le clou un peu trop loin.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">En effet indépendamment du point
de départ de sa réflexion, celle-ci s’avère être éminemment utile en tant que
garde-fou. Il est vain en effet de croire que l’étiquette ou qu’un label
garantisse la pureté absolue d’un produit. L’exploitation commerciale de
l’engouement (une nécessité à nos yeux) pour le « bio » peut conduire
à toutes les dérives, voire à toutes les « arnaques ». Il est bon à
ce titre de <em style="">raison garder</em> et de
considérer avec toute l’attention nécessaire le chemin qui reste à parcourir. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">En un mot Gil Rivière-Berkstein et
son préfacier Jean de Kervasdoué nous apportent une nécessaire vision critique
d’un secteur dont la croissance doit être parfaitement maîtrisée pour atteindre
les objectifs vitaux qui sont les siens. Bref, leur intervention est une<span style=""> </span>opportune <em style="">piqûre de rappel</em> pour éviter tout systématisme, tout dogmatisme ou
pire tout fanatisme en la matière.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Sachons de ce point de vue écouter
Gil Rivière-Berkstein lorsqu’il accuse, entre autres choses, l’agriculture
« bio » de ne pas fournir des produits de meilleure qualité que ceux
de l’agriculture industrielle et d’utiliser de façon subreptice des produits
chimiques, cela en contradiction avec ses cahiers des charges. Soit ! Il y
a peut-être des producteurs indélicats qui abusent du label et il est plus que
normal, il est impératif le cas échéant, d’en dénoncer les agissements...</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Regrettons cependant que l’auteur
s’attache surtout, par le biais d’un certain <em style="">dévoiement idéologique </em>de son discours, à démontrer l’<em style="">obscurantisme</em> voire l’<em style="">arriération mentale </em>de ceux qui,
s’opposant aux techniques productivistes, sont de facto a priori taxés
d’ennemis du progrès... </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Jean de Kervasdoué, auteur de la
préface (cf. texte in extenso en annexe) donne le ton :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">« <em style="">Ainsi l’agriculture bio s’enracine dans les courants agrariens de
l’entre-deux-guerres et dans les mouvements poujadistes des années cinquante
dont on sait qu’ils ont été proches de l’extrême droite. La sélection
« naturelle » n’est pas loin de l’eugénisme et des thèses défendues
par Alexis Carrel. Ce n’est que dans les années soixante-dix que ces thèmes
sont devenus ceux des mouvements d’extrême gauche, puis des altermondialistes.
L’écologie, de réactionnaire devient alors révolutionnaire. Cela ne doit rien
au hasard. Gil Rivière-Wekstein en analyse les mécanismes et en donne les
raisons</em>. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Même si les outrances de M.
Kervasdoué nous sont familières, cette analyse est pour le moins
étonnante de la part d’un homme supposé « de progrès », qui
refuse et dénonce justement tout obscurantisme : rejetant toutes les
hypothèses hétérodoxes, il considère obligatoirement que l’Évolution est
l’indiscutable explication de la création du monde... Demandons-lui alors
comment il peut dissocier l’évolution d’avec le Darwinisme, donc la sélection
naturelle qui en constitue le fondement et en est a fortiori le moteur
essentiel ? </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Il faudra surtout qu’il nous
explique comment dissocier l’eugénisme de cette sélection inhérente à la
théorie évolutionniste et aux pratiques de sélection zootechniques ? Des
sélections rigoureuses pour l’amélioration systématique des espèces animales et
végétales, appliquées en recherche comme en élevage… Une<span style=""> </span>« amélioration » dont il se fait
le champion, au nom du productivisme et qui serait une horreur hors du
domaine strict de l’agriculture !Y associer Alexis Carrel, lauréat du prix
Nobel de physiologie et de médecine en 1912 pour en justifier « des
racines d’extrême droite » paraît<span style="">
</span>particulièrement ridicule ! </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Interrogeons-nous pour savoir, en
partant de ces mêmes prémices et par un raisonnement analogique, si la chimie
agricole - dont l’auteur se montre visiblement un<span style=""> </span>chaud partisan – devrait être aujourd’hui vilipendée ou même
bannie au motif qu’IG Farben, le grand trust chimique du Reich allemand, en fut
l’un des fondateurs ? </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Bref, nous voyons là des
allégations<span style=""> </span>contradictoires qui créent
un sentiment d’absurdité, ce qui nuit à un propos dont la vocation devrait être
de stimuler un recours plus fréquent à la raison critique de part et d’autre,
tant chez les tenants des procédés industriels que chez les adeptes du
« bio » dont nous sommes, ici à « Terre Future » !</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Nous conseillerons surtout à
l’auteur et à son préfacier de bannir dans leurs productions intellectuelles
futures tout marquage idéologique dans l’intérêt de la cause défendue, laquelle
doit être empreinte de la sérénité et de l’objectivité scientifique utiles et
nécessaires à qui veut faire progresser positivement le débat sur ces questions
cruciales de santé publique et de sécurité alimentaire. Sauf, bien entendu, à
faire sciemment œuvre partisane !</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Cela ne peut cependant
qu’affaiblir la portée des analyses, à l’instar, répétons-le, de l’association
particulièrement ringarde établie entre « agriculture biologique » et
« extrême droite » ! Est-il au final si nécessaire de diaboliser
l’écologie aussitôt qualifiée de « réactionnaire » pour en faire
un examen critique sans concession ?</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><em style=""><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Claude<span style=""> </span>Timmerman<span style=""> </span> mars 20011</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;"> </span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><strong style=""><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Bio : fausses promesses et vrai marketing</span></strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Gil Rivière-Wekstein, en
collaboration avec Valérie Rivière-Wekstein, </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Le Publieur, 248 pages, ISBN
978-2-35061-0184, 19€.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;"><strong><em>Ce qu’en dit l’éditeur</em></strong> : « Avec <em><span style="">Bio, fausses promesses et vrai marketing</span></em>,
Gil Rivière-Wekstein ouvre un débat nécessaire, alors qu’il semble
tellement naturel de consommer bio à tout prix. L’agriculture biologique
doit se sauver d’elle-même, de son idéologie comme de son cahier des
charges de production, aujourd’hui obsolète. L’évolution de la
réglementation sur les pesticides naturels utilisés en agriculture
biologique conduit les producteurs bio dans des impasses techniques et
économiques. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Pendant plus de deux ans, il
a réuni les différents éléments pour retracer les origines du bio qui remontent
bien avant le Grenelle de l’Environnement. Il révèle que les racines du
bio s’enfoncent dans une terre bien sombre. Avant de prendre des accents
altermondialistes, le bio a en effet longtemps été l’apanage des milieux
agrariens réactionnaires et hygiénistes dans les années trente, des
adeptes de « la terre qui ne ment pas » dans les années quarante, puis du
poujadisme dans les années cinquante. C’est dans cette plongée au cœur de
ses fondements historiques et idéologiques, mêlés de théories ésotériques
sur de mystérieuses « forces vitales », que nous emmène Gil
Rivière-Wekstein.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Or, l’agriculture biologique
a sa place sur l’échiquier agricole : celle d’une production de qualité, à
l’image de certains labels, ou d’une production plus spécifique de
produits hors du commun. L’avenir du bio s’écrit aujourd’hui. Il pourrait
passer par les biotechnologies… »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><strong style=""><em><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Annexe :</span></em></strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Préface
de Jean De Kervasdoué</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;"> « AUX
SOURCES TROUBLES DU BIO »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;"> Le label « bio »
s’accole à de plus en plus de produits. Les produits « naturels »
vendus autrefois dans quelques boutiques spécialisées dont, il y a une décennie
à peine, la grande majorité des consommateurs ne passaient jamais la porte, ne
sont plus réservés à une clientèle marginale. Ils trônent, s’affichent,
prennent de la place, disposent de leurs rayons spécifiques dans les grandes
surfaces et donc, à l’évidence, se vendent, malgré leur prix. Ils sont en effet
largement plus onéreux en moyenne que les produits comparables. Baguette bio,
yaourt bio, légume bio, fruit bio, lessive bio, huile bio, pommade bio, savon
bio, oeuf bio, vin bio, menu bio, boutique bio,… difficile d’échapper à ce
label. Difficile également de ne pas être séduit tant il semble naturel, si
j’ose dire, tant il est « évident » que ces produits onéreux sont
meilleurs – meilleurs au goût, meilleurs pour la santé et surtout meilleurs,
sans contestation possible, pour l’environnement.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Mais qu’en est-il vraiment ?
Faut-il recommander, notamment aux gens de milieu modeste que je croise lors de
mes courses hebdomadaires sur les marchés de l’est parisien, d’acheter
bio ? L’une ou l’autre des raisons alléguées par les partisans de cette
nouvelle mode a-t-elle un incontestable fondement empirique ?</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Fin connaisseur des travaux les
plus récents en la matière, Gil Rivière-Wekstein répond à ces questions et fait
ainsi œuvre utile. Avec talent et clarté, il passe de l’agronomie, à la
toxicologie, n’oublie pas les travaux de médecine, et notamment les recherches
en nutrition, pour démontrer que, études après études, non, définitivement non,
il n’est pas prouvé que ces produits aient un quelconque effet bénéfique pour
la santé. Quant à leur goût, en aveugle, même les experts avertis ne font pas
la différence entre un produit bio et un produit qui ne l’est pas. Il souligne
d’ailleurs en passant que, pour le vin notamment, le label bio ne garantit en
rien les qualités gustatives de ce précieux nectar. Il montre aussi, et cela
étonnera plus d’un, que les cultures bio ne respectent pas davantage
l’environnement du fait de la découverte de nouveaux pesticides, plus ciblés,
moins toxiques, que ceux autorisés en agriculture biologique. L’agriculture
« raisonnée » et les produits qui en sont issus seraient donc plus
« écoresponsables » que ceux qui suivent une réglementation
particulière pour obtenir le label bio !</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Le lecteur sceptique dira déjà –
au mieux – « je ne suis pas convaincu » ou – plus vraisemblablement –
« je n’y crois pas » ; mais Gil Rivière-Wekstein n’est pas, lui,
un religieux. Il ne parle donc pas de croyance mais de résultats de travaux de
recherche convaincants, répliqués dans plusieurs pays et qui lui permettent
d’affirmer avec force ces vérités. Pourtant, elles ne pénètrent pas dans
l’opinion. Non seulement nous croisons chaque jour des acheteurs de plus en
plus nombreux de produits bio, mais nous connaissons tous des partisans de la
biodynamie ou des croyants en une « force vitale » qui serait
transmise par ce que nous ingérons. Pourquoi ? Comment se fait-il que ces
idées d’un autre âge trouvent de nouveaux adeptes ? C’est la grande
originalité de cet ouvrage que d’apporter une réponse à cette question.
Fascinant !</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Ainsi, le lecteur découvrira que
l’agriculture bio s’enracine dans les courants agrariens de
l’entre-deux-guerres et dans les mouvements poujadistes des années cinquante
dont on sait qu’ils ont été proches de l’extrême droite. La sélection
« naturelle » n’est pas loin de l’eugénisme et des thèses défendues
par Alexis Carrel. Ce n’est que dans les années soixante-dix que ces thèmes
sont devenus ceux des mouvements d’extrême gauche, puis des altermondialistes.
L’écologie, de réactionnaire devient alors révolutionnaire. Cela ne doit rien
au hasard. Gil Rivière-Wekstein en analyse les mécanismes et en donne les
raisons. Qui sont les ennemis de la notion moderne du progrès ? Pourquoi
sont-ils partisans de la décroissance ? Comment se rejoignent les pourfendeurs
de la mondialisation et les partisans de la théorie du complot ? Pourquoi,
pour certains, la nature devrait triompher de la culture, autrement dit de la
société humaine ?</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Dans cette période où les
écologistes politiques deviennent l’allié « naturel » de la gauche
démocratique, la lecture de cet ouvrage s’impose d’autant que les jeunes
générations semblent avoir oublié ce qui était évident il y a moins d’un
demi-siècle, et ce d’autant que les denrées bio sont de plus en plus produites
dans de grandes exploitations. Très vite le bio ne sera même plus une manière
de défendre la survie des petites exploitations françaises, le filon se déplace
en Ukraine. Déjà, en Allemagne, des exploitations bio de plus de 15 000
hectares inondent les marchés mondiaux de leur production.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Terminons alors cette préface,
pour les sceptiques de Gauche et d’ailleurs, par une citation de Jean Jaurès.
Elle est tirée de « <em>La houille et le blé</em> » (La Petite
République, 31 juillet 1901).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">« Mais n’est-ce pas l’homme
aussi qui créa le blé ? Les productions que l’on appelle naturelles ne
sont pas pour la plupart […] l’oeuvre spontanée de la nature. Ni le blé ni la
vigne n’existaient avant que quelques hommes, les plus grands des génies
inconnus, aient sélectionné et éduqué lentement quelque grain ou quelque cep
sauvage. C’est l’homme qui a deviné, dans je ne sais quelle pauvre graine
tremblant au vent des prairies, le trésor futur du froment. C’est l’homme qui a
obligé la sève de la terre à condenser sa plus fine et savoureuse substance
dans le grain de blé ou à gonfler le grain de raisin.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">Les hommes oublieux opposent
aujourd’hui ce qu’ils appellent le vin naturel au vin artificiel, les créations
de la nature aux combinaisons de la chimie. Il n’y a pas de vin naturel ;
il n’y a pas de froment naturel. Le pain et le vin sont un produit du génie de
l’homme. La nature elle-même est un merveilleux artifice humain.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: 11pt; font-family: Arial;">L’union de la terre et du soleil
n’eût pas suffi à engendrer le blé. Il y a l’intervention de l’homme, de sa
pensée inquiète et de sa volonté patiente. […] Que la science soit près du
moissonneur. »</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style=""> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><strong style=""> </strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><strong style=""> </strong></p>